Publié le 20 septembre 2025

Les 50 sites industriels français les plus émetteurs connaissent une baisse très modérée de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2024. Qui plus est, celle-ci s’explique principalement par un recul de la production et non par une transformation des procédés industriels, selon un rapport d’ONG environnementales publié cette semaine.

Les émissions de gaz à effet de serre industrielles n’ont reculé que de 1,4% en 2024 ont constaté le Réseau Action Climat (RAC), principal réseau d’ONG environnementales, et France Nature Environnement dans un rapport publié jeudi 18 septembre. Une tendance qui tranche avec la baisse marquée (-10,2%) entre 2022 et 2023. En outre, cette baisse est davantage due à une baisse de la production sur ces sites qu’à des transformations structurelles des procédés industriels fortement émetteurs de gaz à effet de serre, notent les auteurs.

Les deux associations pointent notamment la responsabilité du géant de l’acier ArcelorMittal, qui détient les deux sites industriels de très loin les plus émetteurs de France, à Dunkerque et Fos-Sur-Mer. Le groupe sidérurgique a mis en pause ses projets de décarbonation, réclamant plus de mesures pour protéger l’acier européen de la concurrence notamment chinoise. “L’année dernière déjà, on observait que la baisse des émissions était liée à une baisse globale des volumes de production parce que des secteurs fortement émetteurs comme l’acier, la chimie ou le ciment traversent une crise”, explique Aurélie Brunstein, spécialiste de l’industrie lourde au sein du RAC France. Cela interroge “sur la pérennité de ces baisses d’émissions dans le cas où l’activité reprendrait”, a-t-elle ajouté.

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Des efforts “trop partiels”

Dans les matériaux de construction, la baisse des émissions est là aussi essentiellement conjoncturelle, liée à un recul de la production plutôt qu’à une baisse de l’intensité carbone. Le secteur de l’aluminium a également augmenté ses émissions du fait de la conjoncture. Le secteur de la chimie, en crise, affiche une stagnation voire une hausse des émissions sur plusieurs sites. Enfin, dans l’agro-alimentaire, malgré quelques initiatives, les émissions repartent à la hausse sur la majorité des sites les plus émetteurs.

Les dix sites industriels les plus émetteurs de CO2 en France, en 2024.@RAC

 

De manière générale, les ONG regrettent des efforts encore “trop partiels pour constituer une décarbonation structurelle et durable“. Le Réseau Action Climat (RAC) et France Nature Environnement relèvent toutefois que l’un des ressorts n’est pas de la responsabilité directe des industriels. Elles pointent ainsi “le manque de visibilité budgétaire”, un frein majeur à l’investissement pour des acteurs ayant besoin “de garanties claires sur le soutien public“. Elles appellent donc les responsables politiques à “inscrire la décarbonation industrielle dans une planification industrielle cohérente ainsi que dans une loi de programmation des finances vertes”. De plus, face à la multiplication des annonces de suppressions d’emplois et de fermetures de sites industriels, le Réseau Action Climat recommande la création d’un registre national des aides publiques et de conditionner celles-ci à des critères climatiques et sociaux.

La plupart des sites fortement émetteurs sont concentrés dans les bassins industriels de Dunkerque dans le Nord, de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, du Havre-Rouen en Seine-Maritime et dans le Grand Est. Le secteur industriel représente un peu moins de 17% des émissions de la France et pèse environ 11% de l’économie française. C’est le troisième secteur le plus émetteur du pays, après les transports et l’agriculture.

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