Publié le 4 juillet 2025

Les sociétés de leasing ont un poids de plus en plus conséquent dans l’achat de voitures neuves. Mais deux ONG déplorent qu’elles n’aient pas d’obligations pour accélérer la transition vers le véhicule électrique.

Ce sont des banques pas tout à fait comme les autres. Les spécialistes de la location longue durée pour l’automobile ont néanmoins été passées au crible de leurs engagements climatiques par deux ONG, Reclaim Finance et Transport & Environnement. Leurs conclusions sont pour le moins mitigées. L’étude réalisée sur les publications d’une vingtaine d’entreprises européennes révèle un certain manque de transparence de la part de ces sociétés, qui ne donnent que peu d’informations sur leurs stratégies climatiques. Alignement sur les objectifs de l’Accord de Paris, répartition de leurs financements, cibles de véhicules électriques… tout cela reste flou.

Ces entreprises sont pourtant très connues. Elles sont soit des filiales des grands constructeurs automobiles, comme Mobilize financial services pour Renault ou Stellantis financial services pour Stellantis. Soit des filiales de banques commerciales, comme Arval pour BNP Paribas, Ayvens pour la Société générale ou BPCE lease pour le groupe BPCE. Et elles jouent un rôle de plus en plus important sur le marché de l’automobile. Selon l’Association des sociétés financières (ASF), la location avec option d’achat est aujourd’hui devenue le principal mode de financement d’une voiture neuve, loin devant le simple crédit automobile.

91% des financements en leasing

En 2024, plus de 91% des financements de véhicules neufs ont été faits en location avec option d’achat (LOA). Les crédits et leasing de voitures neuves ont même progressé de 3% en 2024 malgré la contraction du marché automobile de 3,2%, ce qui reflète sans doute l’augmentation du prix des voitures, notamment du fait des voitures électriques.

Contrairement aux constructeurs, les sociétés de leasing ne sont soumises à aucune réglementation climatique spécifique“, déplore ainsi Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance. Malgré leur poids important sur le marché automobile, les deux ONG déplorent que ces sociétés n’aient ni obligation de transparence, ni obligation de sortir du véhicule à moteur thermique. Seules huit sociétés de leasing, sur les vingt étudiées, publient ainsi un rapport climatique, et neuf se sont fixé un objectif climatique.

Mais pour celles-ci, les données communiquées se révèlent incomplètes et les cibles insuffisantes. Cinq se sont néanmoins fixé l’objectif d’augmenter les financements de voitures électriques. Alphabet, la société du constructeur allemand BMW, prévoit de financer 50% de voitures électriques d’ici 2030, tandis qu’Arval prévoit 20% en 2026 et les sociétés du Crédit Agricole annoncent des objectifs à court terme entre 33 et 35%. D’autres réunissent dans une même cible les leasings concernant aussi bien les véhicules électriques que les hybrides.

Les sociétés de leasing se trouvent néanmoins confrontées au problème de la valeur résiduelle des voitures électriques, encore très fluctuante. Le montant des “loyers” d’un contrat de leasing dépend en effet du prix auquel le véhicule sera revendu en fin de contrat. Le marché de l’occasion pour les véhicules électriques n’existant quasiment pas, les sociétés de financement se retrouvent face à un risque financier important si la valeur résiduelle est inférieure à celle qu’ils avaient prévue en début de contrat.

Décalage avec les objectifs européens

Ces objectifs dépendent encore largement des aides publiques à l’achat de véhicules électriques, globalement plus chers que les voitures traditionnelles. Des aides qui se révèlent fluctuantes. En France, le gouvernement vient ainsi tout juste de relancer le leasing social à partir du mois de septembre, après le succès de la première vague en 2024 qui avait enregistré près de 50 000 demandes. Il a également modifié le bonus écologique à l’achat, qui variera entre 3 100 et 4 200 euros en fonction des revenus du ménage, et qui sera financé par le dispositif des Certificats d’économie d’énergie (CEE).

La réglementation environnementale, bouc émissaire d’un marché automobile en berne

Les objectifs globaux de réduction des entreprises de leasing sont également trop faibles, selon les ONG. La filiale de Volkswagen affiche ainsi une ambition de neutralité carbone pour 2030, mais sans plan d’actions. Seules Arval et Ayvens ont prévu de faire valider leurs trajectoires climatiques par la Science-based targets initiative (SBTi). Et trois d’entre elles appuient leurs ambitions sur des mécanismes de compensation carbone, malgré leur efficacité limitée.

Les neuf sociétés, les mieux-disantes du secteur en termes climatiques, sont malgré tout en décalage avec les objectifs européens de réduction des émissions de CO2, déplorent les deux ONG. La plupart se fixent ainsi des objectifs qui ne vont pas jusqu’à 2030, aucune ne prévoit de date de sortie des véhicules thermiques. “Ce rapport est un signal d’alarme pour les décideurs politiques, souligne dans un communiqué Léo Larivière, responsable transition automobile chez Transport & environnement. Tant qu’aucune régulation ne les contraint, les sociétés de leasing continueront d’échapper à leurs responsabilités dans la transition climatique, alors même qu’elles en détiennent une partie des clés.

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