Tempête Boris en Europe de l’Est, typhons Yagi ou Bebinca en Asie, pluies torrentielles en Afrique… Les événements climatiques extrêmes s’enchaînent à travers le monde ces dernières semaines. Déjà, on dénombre des dizaines de morts en Roumanie, en Pologne ou en République-Tchèque, des centaines au Vietnam ou encore en Birmanie, et des millions de personnes affectées en Afrique de l’Ouest et centrale.
Face à cette multiplication des événements climatiques extrêmes, conséquence directe du changement climatique, ce sont aussi toutes les infrastructures sociales et économiques qui sont affectées. Hôpitaux paralysés, usines à l’arrêt, infrastructures énergétiques en panne… Le bilan est sur ce terrain là aussi déjà lourd.
Inondations : des milliards d’euros de pertes économiques
En Europe centrale, la tempête Boris, l’une des plus importantes de l’Histoire à frapper la région et d’ores et déjà reconnue par la communauté scientifique comme une conséquence de la crise climatique, a causé des dégâts gigantesques. Plusieurs centaines de milliers de personnes et des régions entières ont notamment été privées d’électricité. En Pologne, Tauron Polska Energia, deuxième plus gros fournisseur d’énergie du pays, a ainsi dû mettre à l’arrêt huit de ses barrages hydro-électriques.
La situation est dramatique en Europe Centrale. Le barrage de Paczków (réservoir Topol, à priori) vient de céder : 42 900 000 de mètres cubes d’eau sont en train de se déverser dans la vallée.
Abominable.#Boris #Boris2024 pic.twitter.com/SB4fgTN9Hl— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) September 16, 2024
Dans le nord-est de la République Tchèque, de nombreuses usines ont également dû être arrêtées à cause de la montée des eaux, à l’image de l’usine de charbon d’OKK Koksovny, le plus grand fournisseur européen de coke de fonderie qui a dû stopper une grande partie de ses activités. En Hongrie, en Autriche, et dans toute l’Europe centrale, commerces et usines ont également été massivement perturbés. Au total, les pertes économiques pourraient se chiffrer en milliards d’euros, selon l’agence d’évaluation Morningstar.
Après le choc, les prochains mois seront à la reconstruction et aux réparations, qui pourraient prendre du temps dans des régions dévastées. Et avec des infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques dégradées, la reprise pourrait être lente. Selon Katarzyna Rzentarzewska, analyste pour l’entreprise de services financiers autrichienne Erste Group, interrogée par Euronews, “les secteurs industriels seront négativement impactés jusqu’à la fin de l’année dans tous les pays affectés par les inondations.”
Les chaînes d’approvisionnement sous pression
En Asie également, les catastrophes climatiques pèsent lourd sur les infrastructures. A Shanghai, récemment frappé par le typhon Bebinca, décrit comme “le plus puissant à toucher terre depuis 1949”, les trafic aérien et routier ont dû être bloqués. Dans la capitale économique chinoise, plus de 400 000 personnes ont été évacuées, et les chantiers mis à l’arrêt. Au Vietnam, les réseaux énergétiques dégradés par le typhon Yagi ont privé d’électricité plusieurs millions de personnes il y a quelques jours. La zone du port d’Haïphong, l’un des plus grands d’Asie du Sud-Est, a notamment enregistré des pertes qui, selon les responsables économiques locaux interrogés par l’AFP, se chiffrent en dizaines de millions de dollars, avec des usines stoppées et des entrepôts endommagés ou détruits.
Les usines ou fournisseurs de plusieurs grands groupes internationaux ont été affectés, en particulier le géant de l’électronique coréen LG, le chinois Jinko Solar, numéro 1 mondial de la fabrication de panneaux solaires, ou encore la compagnie aérienne Japan Airlines. Là encore, le retour à la normale va prendre du temps, avec des perturbations qui pourraient encore durer plusieurs mois, comme en Birmanie, ou en Thaïlande, où les dégâts ont été considérables.
Et à plus long terme ? Les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montrent que le changement climatique, qui perturbe déjà profondément les cycles de l’eau mondiaux, devrait accentuer les risques de tempêtes et d’inondations dans certaines régions du monde. Une tendance qui pourrait donc peser de plus en plus lourdement sur les systèmes socio-économiques mondiaux et mettre les chaînes d’approvisionnement mondiales sous pression.