Publié le 7 septembre 2024

Une étude internationale révèle que les politiques climatiques les plus efficaces sont celles qui combinent plusieurs mesures telles que les interdictions, les taxes et les incitations. Prises isolément, ces mesures n’ont un effet que marginal sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Interdire les voitures thermiques, fermer les centrales au charbon ou donner un prix au carbone… ces mesures paraissent fortes à première vue. Mais elles seraient loin d’être réellement efficaces. C’est ce qu’affirme une vaste étude internationale dirigée par des chercheurs de l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (PIK) et du Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change (MCC) et publiée dans la prestigieuse revue Science fin août.

Les chercheurs montrent ainsi que l’interdiction des centrales à charbon ou des voitures thermiques ne se traduit pas par des réductions d’émissions majeures lorsque ces mesures sont mises en œuvre isolément. Au contraire, expliquent-ils, les cas de réussite ne se produisent qu’en association avec des incitations fiscales ou tarifaires. En outre, la multiplication de politiques n’est pas non plus nécessairement synonyme de meilleurs résultats. Ce qui compte, “c’est la bonne combinaison de mesures”, explique l’auteur principal de l’étude, Nicolas Koch, du PIK et du MCC.

63 cas de réussite sur 1 500 politiques

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont passé au crible 1 500 politiques climatiques mises en place entre 1998 et 2022 dans 41 pays, représentant 81% des émissions de gaz à effet de serre. Et leurs conclusions estiment que seules 63 sont performantes, entraînant chacune en moyenne une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 19%. Les scientifiques mettent en avant plusieurs exemples. Ainsi, dans le secteur de l’électricité au Royaume-Uni, des progrès significatifs ont été constatés sur le plan climatique.

Ils sont la conséquence de l’introduction, mi-2013, d’un prix plancher du carbone qui imposait un prix minimum aux producteurs d’électricité britanniques dans le système d’échange de quotas d’émission de l’UE et qui a considérablement réduit les émissions. Mais cette mesure s’est accompagnée d’une planification de l’expansion des énergies renouvelables, de normes plus strictes en matière de pollution atmosphérique, de l’élimination progressive des centrales à charbon mais aussi d’incitations basées sur le marché (tarif de rachat d’énergies renouvelables et enchères).

L’écart d’émissions comblé de 26 à 41%

“Nos résultats montrent que les émissions au Royaume-Uni auraient été environ 43,6% plus élevées en l’absence de ces interventions politiques”, expliquent les chercheurs. De même en Chine, dans le secteur industriel, les systèmes d’échange de quotas d’émission, complétés par une réduction des subventions aux combustibles fossiles et des incitations financières, ont considérablement réduit les émissions après quelques années.

Les États-Unis sont aussi un exemple de réduction significative des émissions dans le secteur des transports, en raison d’une combinaison d’incitations fiscales et de subventions pour les véhicules à faibles émissions et de normes d’efficacité en matière de CO2. La réforme de l’écotaxe et l’introduction d’un péage pour les poids lourds en Allemagne constituent une autre réussite notable dans le secteur des transports, pointent les chercheurs.

Ils ont calculé que l’écart d’émissions avec l’accord de Paris pourrait être comblé de 26 à 41% d’ici 2030, si les pays se concentraient sur les mesures des 63 politiques identifiées comme efficaces, le transport étant généralement le secteur qui présente le plus grand potentiel de complémentarité. Toutefois, préviennent-ils, les pays développés et les pays en développement ont des besoins différents en matière de politique climatique : dans les pays développés, c’est la tarification qui prime, tandis que dans les pays en développement, c’est la réglementation qui est la politique la plus puissante.

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