Publié le 29 août 2024

Les événements extrêmes font des dizaines de milliers de morts et de déplacés chaque année. Derrière ces drames, l’économie est également touchée de plein fouet. Cannes à sucre parties en fumée au Brésil, usines textile sous l’eau au Bangladesh, lignes de production automobile à l’arrêt au Japon, voici comment le changement climatique grippe déjà l’économie mondiale.

14 usines et 28 lignes de production mises à l’arrêt pendant au moins 24 heures. Mercredi 28 août, Toyota a pris des mesures préventives sur l’ensemble de ses sites japonais à l’approche du typhon Shanshan, le plus puissant de l’année selon les autorités, qui ont émis le niveau d’alerte le plus élevé. En 2022, le constructeur avait déjà dû fermer trois de ses usines sur l’archipel.

Le Japon est régulièrement frappé par d’importants typhons, qui s’intensifient plus rapidement qu’auparavant et restent plus longtemps sur terre en raison du changement climatique, selon une étude scientifique publiée en juillet. Pour l’heure, Toyota n’a pas précisé combien de véhicules ne seraient pas produits à cause de ces fermetures temporaires. Mais le groupe va devoir s’adapter à un risque de plus en plus prégnant.

Des usines sous l’eau

Au Bangladesh, ce sont les usines textile qui sont mises à rude épreuve. Pilier économique du pays, le secteur, deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine, a subi pendant plusieurs mois une instabilité politique, marquée par de violentes manifestations obligeant les usines à fermer. Alors que les machines à coudre commençaient à peine à redémarrer, les usines doivent faire face à des inondations meurtrières à répétition, faisant craindre une crise sans précédent dans l’industrie du vêtement. La production y serait inférieure de près de 15 à 20% à celle de la période correspondante de l’année dernière, calcule l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh.

Le pays compte parmi les plus vulnérables aux catastrophes liées au changement climatique. Les pluies de mousson y causent chaque année des dégâts considérables et le réchauffement accroît leur ampleur et leur fréquence. Pour l’industrie textile, cela se traduit par des infrastructures endommagées, une logistique ralentie voire totalement mise à l’arrêt, mais aussi des ouvriers potentiellement impactés.

À Dacca, dans la capitale, 20% des usines sont situées à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer ou à proximité immédiate de la rivière, selon Labour Behind the Label, un groupe britannique de défense des droits du travail dans l’industrie mondiale du vêtement. Cela équivaut à 1 155 usines menacées d’inondations régulières. Une grande partie des logements des travailleurs des bidonvilles se trouvent également dans ces zones inondables.

Pénurie de sucre

Enfin au Brésil, ce sont les mégafeux de forêts, près de Sao Paulo, qui font craindre une pénurie de sucre alors que les plantations de canne à sucre partent en fumée. Premier exportateur au monde, le pays a vu jusqu’à 60 000 hectares de surfaces cultivées touchées en quelques jours seulement. “En vingt ans de carrière, je n’ai jamais rien vu de tel”, s’alarme Almir Torcato, directeur général de l’association des producteurs Canoeste, cité par Bloomberg. Jusqu’à cinq millions de tonnes de canne à sucre pourraient avoir été perdues selon les premières estimations.

Ces événements extrêmes aux quatre coins de la planète, rendus plus intenses et plus fréquents en raison du changement climatique, mettent à mal l’économie mondiale et doivent pousser les entreprises à anticiper ces risques en se focalisant non pas seulement sur l’atténuation mais aussi sur l’adaptation au changement climatique, sur l’ensemble de leur chaîne de valeur.

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