Publié le 9 juillet 2024

L’ouragan Beryl – classé catégorie 5 – a frappé de très nombreuses îles des Caraïbes, avant de se diriger vers les Etats-Unis. Les autorités locales pointent l’inaction climatique des pays émetteurs de CO2, tandis que les assureurs se préparent déjà à de lourdes pertes alors que la saison des ouragans ne fait que commencer.

Toits arrachés, maisons rasées, routes inondées, bateaux coulés… Les Caraïbes se sont retrouvés complètement défigurées après le passage de Béryl, la semaine dernière. L’ouragan de force 5 – la plus haute catégorie sur l’échelle de Saffir – avec des rafales de vent dépassant 252 km/h, est devenu la tempête atlantique de cette force la plus précoce jamais enregistrée.

Après avoir ravagé lundi 1er juillet l’archipel des Grenadines, Beryl a poursuivi sa course folle jusqu’au Venezuela, Grenade, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, ainsi qu’à la Jamaïque et aux îles Caïmans. Selon un premier bilan, au moins 11 personnes ont perdu la vie sur son passage et plusieurs autres sont encore portées disparues.

Une saison des ouragans qui inquiète déjà les assureurs

Côté matériel, les dégâts sont très nombreux. Selon les autorités locales, plus de 90% des bâtiments ont été détruits ou endommagés dans les îles les plus touchés par cet ouragan. A Grenade, 98% des maisons et des bâtiments ont été rasés. Tandis que sur l’île Union, presque la totalité des habitants ont perdu leur maison. Soit 2 500 personnes.

Cette situation inquiète les assureurs alors que la saison des ouragans ne fait que commencer. Car Beryl est arrivé très tôt dans la saison alors que cette dernière peut s’étirer jusqu’en novembre et son intensité fait craindre le pire pour les mois à venir. Le secteur des assurances s’attendait déjà à une saison des ouragans plus chargée. “Le fait qu’un ouragan de cette ampleur soit arrivé si tôt laisse à penser que ce pourrait être le cas”, s’est alarmé Stephen Catlin, président exécutif de l’assureur Convex, auprès du Financial Times.

Pour Steve Bowen, directeur scientifique du courtier en réassurance Gallagher Re, il s’agit “d’un début de saison remarquable et fortement inquiétant“. Béryl est “un signal d’alarme massif” quant aux perspectives de pertes à venir, a-t-il également ajouté. Bien qu’il soit encore trop tôt pour chiffrer les demandes d’indemnisation des assurances après le passage de Beryl, il est d’ores et déjà établi que la saison à venir des ouragans sera déterminante pour l’évolution des prix sur le marché mondial de l’assurance.

Un appel à plus de justice climatique

En mai, la National Oceanic Atmospheric Administration (NOAA) avait averti qu’il y avait 85% de chances supplémentaires que la saison des ouragans soit supérieure à la moyenne cette année, en raison notamment du réchauffement des océans. Au lendemain du passage de Béryl, un grand nombre de dirigeants des Caraïbes n’ont pas hésité à pointer du doigt le changement climatique comme cause probable de la précocité et de l’intensité de cet ouragan. Et une étude publiée vendredi 5 juillet par le consortium ClimaMeter est venue confirmer cette hypothèse. Bien que “la variabilité du climat a joué un rôle” dans la formation de l’ouragan Béryl, “le changement climatique induit par l’Homme y a également contribué”, peut-on lire.

Source : ClimaMeter

Alors que le temps est désormais à la reconstruction, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’inaction climatique des pays les plus émetteurs de CO2. “Il n’y a pas de justice climatique actuellement dans le monde. Dans les Caraïbes, nous ne sommes pas responsables du réchauffement climatique, et pourtant nous sommes en première ligne”, a reproché le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, dans une interview accordée à SkyNews et relayée par Le Monde. C’est pour cette raison qu’il appelle les pays qui sont et ont été les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre à honorer leurs engagements dans “cette période terrible pour les petits Etats insulaires en développement”.

Ces derniers s’étaient vu promettre 100 milliards de dollars de financement climatique, mais en 2019, ils n’avaient eu accès qu’à 1,5 milliard de dollars de cette somme. Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, épargnée par l’ouragan, appelle depuis plusieurs années à la refonte des institutions financières mondiales pour financer la lutte contre le changement climatique dans les pays pauvres, en menant notamment de actions visant à ajuster les conditions des prêts internationaux en faveur des pays pauvres. Elle a également proposé une nouvelle source de financement provenant d’une taxe mondiale sur les bénéfices du pétrole et du gaz.

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