La Terre s’épuise : 20 des 35 “signaux vitaux” de la planète s’affaiblissent en raison de la crise climatique

"La vie sur la planète Terre est assiégée. Nous sommes désormais en territoire inconnu".  C’est le nouveau cri d’alarme lancé par des scientifiques internationaux. Dans un nouveau rapport publié mardi 24 octobre dans la revue BioScience, ils s’inquiètent de l’état de santé actuel de la planète et le risque imminent d’atteindre certains "points de basculement" climatiques.
20 "signes vitaux" de la planète "affichent désormais des valeurs extrêmes records" parmi les 35 identifiés par cette équipe de chercheurs. On retrouve notamment les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers, la déforestation, les anomalies de températures ou encore la consommation de viande par habitant. À noter que ce nouveau rapport est en réalité une mise à jour d’une étude publiée en 2019 et reconnue par plus de 15 000 scientifiques. En 2021, lors d’une précédente mise à jour, 18 signaux vitaux atteignaient déjà des records.

2023, année de tous les records climatiques

Et l’année que nous sommes en train de vivre ne fait que confirmer cette tendance. "En 2023, nous avons assisté à une extraordinaire série de records liés au climat battus dans le monde", soulignent les auteurs, précisant que "ce qui est encore plus frappant, ce sont les marges énormes avec lesquelles les conditions de 2023 dépassent les extrêmes du passé". Preuve à l’appui : cette série de graphiques, que nous avons déjà pu voir circuler ces derniers mois sur les réseaux sociaux, témoignant d’une année sans précédent sur le plan climatique (mois de juillet le plus chaud jamais enregistrés, incendies records au Canada, …).

Source : The 2023 state of the climate report : entering uncharted territory.
Pour ces chercheurs, les événements extrêmes survenus en 2023 sont "le signe que nous poussons nos systèmes planétaires vers une dangereuse instabilité" et que "nous nous aventurons dans un territoire climatique inexploré". Et cette tendance n’ira pas en s’inversant sans réelle prise de conscience de la part des décideurs politiques. D’où leur proposition d’actions rapides et radicales dans certains secteurs : une transformation de l’économie mondiale donnant la priorité au bien-être humain plutôt que la surconsommation par les plus riches (10% des plus riches sont responsables de 48% des émissions mondiales, NDLR), l’élimination des énergies fossiles, la restauration des écosystèmes, la réduction drastique de la consommation de viande.

Six risques catastrophiques pour la planète

Hasard du calendrier, à un jour d’intervalle, un autre rapport est venu enfoncer le clou, celui de l’Université des Nations unies, publié mercredi 25 octobre. Il met en garde l’humanité contre six menaces qui pourraient faire basculer des systèmes indispensables à la vie humaine. Il y a les plus connus, comme la fonte des glaces ou la disparition d’espèces animales, et de l’autre, certains risques, ou "points de bascule de risque", rarement évoqués lors des discussions pour le climat.
Parmi ces derniers, on trouve la question de l’accumulation de débris spatiaux menaçant de créer des collisions en chaîne rendant ainsi l’orbite terrestre inutilisable pour nos satellites, dont un grand nombre sert à nous avertir de catastrophes météo. Ou encore la menace pesant sur notre système d’assurance. En raison de la multiplication des catastrophes, outre l’augmentation de leur tarif, certains assureurs ont même pris la décision de se retirer de certaines zones, laissant les populations sans filet de sécurité. Comme en Californie, où des millions d’Américains sont aujourd’hui privés d’assurance.
Reste à savoir si, à quelques semaines de l’ouverture de la COP28 à Dubaï, ces deux rapports feront l’effet d’un électrochoc ou s’ils rejoindront la pile des rapports alarmants qui s’accumulent sur les bureaux des décideurs politiques.  
Blandine Garot