Publié le 14 janvier 2024
Une gastro pour le Nouvel An ? Pointez du doigt l'absence d'adaptation à la crise climatique. Les pluies intenses de cet automne ont fait déborder les égouts et ont diffusé le norovirus jusqu'aux bassins d'élevage des huîtres. L'insuffisance des infrastructures est pointée du doigt alors que ces épisodes deviennent plus fréquents.
Le manque d’adaptation à la crise climatique s’est fait sentir pendant les fêtes de fin d’année. De nombreux bassins d’élevage ostréicoles ont stoppé leurs ventes à cause d’une contamination au norovirus, virus responsable d’épidémies de gastro-entérites. Le bassin d’Arcachon a été le premier à interdire la collecte et la vente de l’ensemble de ses coquillages du 27 décembre au 19 janvier. S’en est suivi certaines zones du Calvados, de la Manche, de la Vendée et de la baie du Mont Saint-Michel, dernier lieu en date.
Dans ces lieux, le réseau d’assainissement ne suffit plus. Le tout-à-l’égout, saturé par les pluies diluviennes de l’automne, a débordé à de nombreux endroits. Or l’eau sale, qui transporte virus et bactéries, a ruisselé jusqu’aux bassins d’élevage et contaminé les coquillages. Les huîtres, qui peuvent filtrer 10 litres d’eau par heure, sont des vrais réservoirs à maladies et sont devenues impropres à la consommation. 


Les pluies intenses seront plus fréquentes surtout "sur le nord et l’est" du pays


Les épisodes de pluie intense vont se reproduire plus fréquemment avec la crise climatique, surtout "sur le nord et l’est du pays" et "particulièrement dans le scénario de fortes émissions", précise Météo France. En 2023, ce sont les tempêtes Ciaran, Domingo puis Frederico qui ont contribué à faire du mois de novembre le cinquième le plus arrosé depuis 1959 dans le pays, selon Météo France. Le cumul de pluie a été une fois et demie à trois fois plus élevé que la moyenne dans une grande partie de l’hexagone.


L’Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon (ADEBA) a porté plainte contre le Syndicat intercommunal chargé de l’assainissement (SIBA) pour plusieurs manquements. Selon l’association, si les contrôles des réseaux d’assainissement étaient correctement réalisés, cela "limiterait sérieusement les permis de construire accordés". D’autant plus qu’une contamination au norovirus avait déjà été détectée en 2021 dans le bassin. Contacté par Novethic, le SIBA n’a pas répondu à nos demandes.

Le traitement des eaux usées négligé


La préfecture de Bretagne a commencé à prendre la mesure du problème. Elle a suspendu en 2022 les permis de construire dans plusieurs villes à cause de réseaux de traitement des eaux usées insuffisants. "On ne peut pas accueillir de façon anarchique des populations sur nos territoires sans se soucier des conséquences sur nos biens communs que sont les rivières, les estuaires et les eaux littorales", déplore l’association Eaux et rivières de Bretagne dans le quotidien Ouest France


Pour les ostréiculteurs, le risque de contamination des huîtres s’ajoute à d’autres impacts de la crise climatique. Le virus OsHV-1 tue de plus en plus de coquillages en France, poussé par la hausse des températures de l’eau l’hiver et l’automne. Le vibrio, une bactérie mangeuse de chair, pourrait aussi toucher l’ostréiculture française. L’acidification des océans, autre conséquence du changement climatique, affaiblit aussi les huîtres. Difficile de s’adapter à cette avalanche de risques. Alors que les ostréiculteurs modifient déjà leurs calendriers ou envisagent des déménagements, il est urgent d’aller plus loin et donner un coup de neuf aux réseaux d’assainissement. 
Fanny Breuneval
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