Publié le 9 janvier 2024
Après 18 heures de suspense, Gabriel Attal remplace Élisabeth Borne à Matignon. L’ancien ministre de l’Éducation, âgé de 34 ans, devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire. Quid désormais de la planification écologique, dont Élisabeth Borne avait la charge et qui a été symboliquement hissée au plus haut niveau ? En attendant la composition du gouvernement, la question reste en suspens alors que les élections européennes approchent à grand pas, devenant l’un des enjeux de ce remaniement.

L’annonce vient de tomber, confirmant les rumeurs. Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale depuis moins de six mois, devient Premier ministre.


Le “jeune Gabriel” comme l’appelait l’ancien Premier ministre Jean Castex a coiffé au poteau plusieurs personnalités dont les noms sont revenus avec insistance pour ce poste. À savoir l’ancien ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, désormais “chief impact officer” pour la greentech Sweep et l’actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Reste désormais à connaître la composition du gouvernement Attal, censé donner un second souffle à ce quinquennat, mais aussi le périmètre du nouveau Premier ministre.
En tant qu’ancienne ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne avait la charge de la planification écologique. Il se pourrait que Gabriel Attal reste, lui, en charge du ministère de l’Éducation. Il en a tout cas annoncé, dans son premier discours en tant que Premier ministre, que l’école serait sa “boussole”. Que deviendrait alors la planification écologique qui avait été hissée jusqu’à son plus haut niveau ? Dans sa lettre de démission remise à Emmanuel Macron le 8 janvier à 15h, Élisabeth Borne a d’ailleurs rappelé son rôle dans ce domaine : “Conformément à la mission que vous m’avez confiée, je suis fière que la France soit désormais dotée d’une planification écologique complète et robuste”, écrit-elle.

 

Une planification écologique en phase terminale

 

Cette planification écologique, retardée à de multiples reprises, vient justement d’être bouclée – sur le papier – avec la publication de la première version du projet de loi relatif à la souveraineté énergétique. Un texte qui devait être à l’origine une loi de programmation sur l’énergie et le climat mais qui a finalement été réduit pour se concentrer sur le volet énergétique. Il vient finaliser le chantier de cette planification écologique qui a vu l’adoption de deux lois : celle sur le nucléaire et celle sur l’accélération des énergies renouvelables. 

 

Si le “chapitre” planification écologique semble se clore avec le départ d’Élisabeth Borne, elle laisse un goût amer aux associations et aux militants du climat. L’économiste d’Attac Maximes Combes fustige dans un tweet le bilan écologique de la Première ministre : “Nouveau terminal gazier, relance des centrales à charbon, loi programmation énergie-climat enterrée, sobriété subie pour les pauvres”, énumère-t-il.

 

L’enjeu des élections européennes

 

L’autre enjeu de ce remaniement est celui des élections européennes qui auront lieu en juin prochain. Alors que le Rassemblement national prend de l’avance dans les sondages, le Président sort affaibli d’une séquence composée de l’adoption de la Réforme des retraites ainsi que de la loi sur l’immigration qui a ébranlé une partie de la majorité. L’objectif, après avoir envoyé Élisabeth Borne au front, est de retrouver un nouvel élan en nommant à Matignon le ministre le plus populaire de son gouvernement, Gabriel Attal.

 

L’enjeu est d’autant plus important que se joue le sort du Green Deal, le Pacte vert européen porté jusqu’ici par la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen. Or l’alliance entre la droite et l’extrême droite freine considérablement l’ambition du Green Deal. Le risque est que ce dernier soit définitivement enterré selon l’issue du scrutin.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes