La catastrophe d’une ampleur sans précédent touche l’un des premiers producteur mondial de pétrole via l’exploitation des sables bitumineux. Cette technique d’exploration pétrolière, la plus émettrice de CO2, est responsable d’une augmentation spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre de la région, +463% depuis les années 90. Brièvement interrompue en raison des incendies, la production pétrolière et gazière a repris son cours dès le 15 mai enregistrant simplement une baisse de 3,7% environ, soit 319 000 barils par jour.
Un enjeu électoral majeur
Pour l’instant, les deux candidates se concentrent sur l’aide aux populations en détresse en sachant qu’aux difficultés liées à l’évacuation s’ajoute un épais nuage de pollution, un smog sous lequel vivent par exemple les habitants de Calgary.
Here’s a timelapse showing the sun rising through wildfire smoke sitting over #Calgary… then the smoke sinks down, swallowing up our city. We are currently under an Air Quality Statement.#ABFire #ABstorm #YYC #Alberta #ABFires pic.twitter.com/QgSCkaB4ON
— Tiffany Lizée (@TiffanyLizee) May 16, 2023
Ne pas opposer environnement et économie
Si tous les observateurs soulignent la gravité du phénomène et son lien direct avec le changement climatique, les candidates au poste de premières ministre ne vont pas jusqu’à remettre en cause le modèle d’exploitation pétrolière qui fait la richesse du pays. Danielle Smith est concentrée sur les baisses d’impôts et sa volonté de ne plus voir imposer à l’Alberta les lois fédérales canadiennes, à commencer par celle prise en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Rachel Notley, elle, était en poste lors des dramatiques feux de mai 2016 à Fort Mac Murray. Sept ans après, les leçons de cette sérieuse alerte ne semblent avoir été tirées qu’en partie puisque d’abandon, il n’est plus question. "Nous n’allons pas opposer l’environnement à l’économie. Cette attitude ne nous mène nulle part. Nous allons plutôt diversifier les activités pétrolières et gazières en développant le secteur de la pétrochimie et en multipliant les modes d’utilisation des sables bitumineux, pour fabriquer plus de produits chez nous, en Alberta" a-t-elle déclaré.
84% des réserves identifiées en Alberta doivent rester dans le sol
Or, selon une autre étude publiée dans la revue scientifique Nature, il faudrait laisser dans le sol 84% des réserves identifiées en Alberta pour respecter une trajectoire alignée sur l’Accord de Paris et la neutralité carbone. Le Canada impose en principe à l’industrie pétrolière et gazière une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 42% d’ici 2030 comparativement à 2019. Mais les représentants du secteur ont d’ores et déjà annoncé que ce serait au plus tôt en 2035 et confirment que les principales infrastructures pétrolières et gazières n’ont pas été endommagées par les incendies de forêt.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic