Publié le 22 août 2019
Les militants d'Extinction Rebellion ont reçu un soutien de poids. Plusieurs investisseurs et philanthropes américains viennent de créer un fonds pour soutenir la désobéissance civile sur le climat. Un don de près de 550 000 euros a été effectué. Si aux États-Unis et au Royaume-Uni le mouvement se réjouit de ses nouveaux investissements, en France, on hésite encore à accepter une partie de la somme de peur de ternir son image.

Décrochage du portrait du Président dans les mairies, chaîne humaine et chorégraphie pour dénoncer les impacts de la fast fashion devant H & M, rassemblement contre les marées vertes… Le mouvement Extinction Rebellion a débarqué en France il y a seulement cinq mois, mais ses actions ont déjà marqué les esprits. La désobéissance civile trouve de plus en plus d’adeptes dans le cercle des militants écologistes. Elle est même devenue une nouvelle arme pour se faire entendre. "Les manifs ça ne suffit pas, il faut passer à l’action"témoignait en avril pour Novethic Nestor, un des militants.
En juillet, plusieurs investisseurs et philanthropes américains ont décidé de créer le Climate Emergency Fund. "Le Fonds d’urgence pour le climat a été créé pour soutenir les activistes et les organisations travaillant individuellement pour sensibiliser le public à la menace du changement climatique et pour exiger des actions de la part de nos dirigeants", décrivent les initiateurs. "Les fondateurs ont été inspirés par des groupes tels qu’Extinction Rebellion, qui a récemment organisé une grande manifestation au centre de Londres, poussant le parlement britannique à déclarer une urgence climatique", ajoutent-ils.
"Nous sommes tous dans le même bateau"
Le 12 juillet, le fonds a ainsi réalisé un don de près de 550 000 euros à Extinction Rebellion US et aux mouvements de grève pour le climat. Parmi les donateurs, Trevor Neilson, pour qui cette somme n’est qu’une première étape. Cet investisseur américain a été une des victimes des incendies de Californie provoqués par le réchauffement climatique. "Ma femme, mon fils de deux ans et mon chien ont sauté dans la voiture avec quelques photos de famille et se sont joints à plus de 250 000 autres personnes lors d’une évacuation de masse, une file de voitures poursuivies par un nuage de fumée apocalyptique et le plus grand incendie de l’histoire de Los Angeles", raconte-t-il. Cette expérience aura eu l’effet de déclic. À ses côtés, Rory Kennedy, la fille de Robert Kennedy, ou encore Aileen Getty, riche héritière d’une famille de pétroliers.
Cette initiative est "un signe que nous arrivons à un point critique", réagit un porte-parole d’Extinction Rebellion UK dans les colonnes du Guardian. "Dans le passé, la philanthropie a souvent été consacrée à des intérêts personnels, mais maintenant, les gens se rendent compte que nous sommes tous dans le même bateau et qu’ils mettent leur argent en avant pour notre bien-être collectif".
Peur de ternir l’image du mouvement  
Mais au sein de ce mouvement international, quelques critiques se font entendre. Si les groupes américain et britannique ont accepté le don, en France, les militants hésitent. "Extinction Rebellion nous a proposé 50 000 euros venant de ce fonds pour financer la rébellion internationale qui débutera le 7 octobre. Nous sommes en train de discuter pour savoir si l’on accepte ou pas", explique un membre du collectif français. Certains militants craignent que le financement par des investisseurs privés de leurs actions ne ternisse l’image du mouvement. 
Certaines entreprises, à leur échelle, ont aussi décidé de "faciliter l’activisme pour le climat" de leurs salariés. Ainsi le moteur de recherche éthique et écologique Ecosia s’est engagé à soutenir ses employés qui participent à des actions de désobéissance civile pacifique, même pendant leur temps de travail. De même, si un employé est incarcéré en raison de son militantisme, le temps d’emprisonnement sera considéré comme du travail et les frais d’avocats et d’arrestation seront réglés par Ecosia. "J’espère que notre nouvelle politique relative aux congés climatiques encouragera d’autres entreprises à changer", écrit Christian Kroll, PDG de l’entreprise. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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