L'affaire Buitoni continue. Nestlé France, ainsi qu'une de ses filiales, ont été mises en examen il y a quelques jours dans le cadre de l'enquête sur l’affaire des pizzas contaminées. Selon l'entreprise, qui a fait l'annonce vendredi 5 juillet, la mise en examen porte sur trois chefs d'inculpation : "homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie."
En 2022, une cinquantaine d'enfants avaient été contaminés par la bactérie E.coli après l'ingestion de pizzas surgelées contaminées commercialisées par la marque Buitoni, filiale du groupe Nestlé. Deux enfants avaient perdu la vie. L'enquête avait révélé des négligences de la part de l'entreprise en matière de sécurité sanitaire et la responsabilité pénale du groupe avait été engagée. Contactée par Novethic, une porte-parole de Nestlé explique que l'entreprise "se tient à la disposition des juges d'instruction" et "prendra toutes ses responsabilités dans cette affaire, et sera présente pour apporter toutes les réponses nécessaires aux familles sur ce drame qui n'aurait jamais dû avoir lieu."
Les conditions d'hygiène en cause
La mise en examen intervient plus de deux ans après le début de l'enquête, au premier trimestre 2022. A l'époque, les autorités sanitaires sont alertées par une hausse brutale des cas d'insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par la bactérie E.coli qui mènera à deux décès. A la même période, en mars, l'entreprise Buitoni annonce le retrait et le rappel de ses pizzas surgelées vendues en France depuis juin 2021, après la révélation d'une possible contamination bactérienne dans la pâte du produit.
Rapidement, les autorités sanitaires mettent en évidence, via des tests ADN, que les pizzas du groupe Nestlé étaient probablement en cause, et décident d'ouvrir le 8 avril 2022 une enquête judiciaire. Celle-ci révèlera des problèmes majeurs de conditions d'hygiène au sein de l'usine de production française de Buitoni située à Caudry, dans le Nord. Les inspections des autorités sanitaires identifient ainsi à l'époque de possibles contaminations de la farine, la présence de rongeurs sur le site, ainsi qu'un manque d'entretien des zones de production. Des négligences dans la surveillance et les contrôles de Nestlé sont alors pointées du doigt, notamment par un reportage d'Envoyé Spécial.
Usine fermée, accord à l'amiable avec Nestlé...
En 2023, face à la baisse des ventes et de l'activité, Nestlé décide de fermer le site de Caudry, laissant une centaine de travailleurs sans emploi. Depuis, l'affaire continue de peser sur Nestlé. Pour éviter les poursuites au civil et les demandes d'indemnisation, le groupe a ainsi signé en avril 2023 un accord à l'amiable avec les victimes et leurs familles, afin de leur garantir une indemnisation financière. Un accord opaque, qui a d'ailleurs été dénoncé par certains de ses actionnaires lors de l'assemblée générale de 2023. Ces derniers avaient alors pointé le risque réputationnel et juridique qui pèse sur l'entreprise.
Pour le groupe agro-alimentaire, les scandales sanitaires n'en finissent plus de s'accumuler. Depuis le début de l'année, ce sont notamment les productions d'eau minérale, et notamment les eaux de la marque Perrier, appartenant à Nestlé, qui ont également été secouées par des problèmes de contaminations. Polluants et matières fécales avaient été retrouvés par les autorités sanitaires dans les eaux du groupe. Il y a quelques années, le groupe avait aussi été éclaboussé par l'affaire des laits pour bébé contaminés et plus récemment, c'est la composition des laits infantiles du groupe vendus dans les pays en développement qui a fait polémique. Avec cette mise en examen, c'est donc à nouveau la transparence et la traçabilité des productions qui sont mises en cause.




