Publié le 18 mars 2025

L’agence américaine de crédit à l’exportation (US EXIM) a approuvé, jeudi 13 mars, un prêt de 4,7 milliards de dollars à la major française TotalEnergies pour son mégaprojet gazier au Mozambique. Ce projet avait été suspendu en 2021 après une attaque djihadiste ayant fait des centaines de victimes.

Le projet de liquéfaction de gaz fossile Mozambique LNG, porté par TotalEnergies, va pouvoir reprendre. Et Donald Trump n’y est pas pour rien. Jeudi 13 mars, l’agence américaine de crédit aux exportations (EXIM), dont les administrateurs ont été nommés par le président américain, a de nouveau validé un prêt de 4,7 milliards de dollars à la major française dans le cadre de ce projet, selon une information du Financial Times.

Lors du premier mandat de Donald Trump, en 2020, l’administration américaine avait déjà approuvé une première fois ce prêt, avant qu’il ne soit finalement gelé un an plus tard par Joe Biden. Les travaux avaient été suspendus à la suite d’une attaque djihadiste non loin du site industriel, dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique.

Un soutien de poids

“Nous sommes profondément reconnaissants au président Trump et au peuple américain pour leur soutien à cet important projet de gaz naturel liquéfié, a déclaré le ministre mozambicain de l’Énergie, Estevao Pale, au Financial Times. Pour ce responsable, cette décision d’EXIM consolide le leadership américain dans le développement d’un projet qui “contribuera considérablement à la sécurité énergétique mondiale”.

Interrogé par Bloomberg, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a expliqué qu’il était nécessaire d’amender ce prêt pour “fixer la date d’achèvement en 2030”. L’homme d’affaires avait multiplié les tentatives pour faire fléchir l’administration Biden afin qu’elle approuve le financement avant l’investiture de Donald Trump. Il avait notamment, selon le Financial Times, averti par courrier que la transition du pouvoir pourrait entraîner des “retards supplémentaires et prolongés” susceptibles de “fragiliser la structure de financement, déjà en place et approuvée, et de paralyser l’ensemble du projet”.

Si les États-Unis sont aussi impliqués dans ce projet, c’est qu’ils en tirent avantage. “Pourquoi US EXIM nous soutient ? Parce que la plupart des contrats ont été attribués à des entreprises américaines, et à des entrepreneurs américains”, a expliqué Patrick Pouyanné. “Ce projet, c’est 16 000 emplois aux États-Unis”, a-t-il ajouté. Au total, plus de 40% des contrats ont en effet été attribués à des entreprises américaines.

TotalEnergies visé par une information judiciaire

Aujourd’hui, “la priorité est de rétablir la paix et la sécurité à Cabo Delgado”, a insisté TotalEnergies. Toutefois, ce projet reste vivement contesté par une coalition de huit ONG, dont Reclaim Finance et Les Amis de la Terre. Elles appellent les banques qui devaient initialement financer ce projet – comme les banques françaises Crédit Agricole et Société Générale – “à refuser de suivre l’exemple toxique et irresponsable américain et à s’opposer au redémarrage du projet, une bombe climatique associée à de nombreuses allégations de violations des droits humains”.

Hasard du calendrier, une information judiciaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger a été ouverte vendredi 14 mars contre TotalEnergies dans l’affaire de l’attaque djihadiste à Palma, au Mozambique. Les victimes plaignantes, trois survivants et quatre de leurs proches, de nationalités sud-africaine et britannique, accusent le groupe de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants. Dans un communiqué publié au moment du dépôt de plainte en 2023, la société française avait fermement rejeté “ces accusations et […] rappelé l’aide d’urgence que les équipes de Mozambique LNG ont apportée et les moyens qu’elles ont mobilisés afin de permettre l’évacuation de plus de 2 500 personnes du site d’Afungi“, où est situé le chantier du projet de gaz liquéfié.

Après les faits, TotalEnergies avait stoppé son projet gazier et décrété la force majeure, lui permettant ainsi de se libérer de ses obligations en cas d’événement imprévisible et insurmontable. Pour l’heure, aucune information n’a été donnée quant à la reprise du chantier, mais une entrée en production est toutefois envisagée pour 2029 ou 2030.

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