Dix ans après une baisse de la vitesse de 80 km/h à 70 km/h sur le périphérique parisien, Anne Hidalgo veut aller plus loin. La maire de Paris a confirmé lundi 9 septembre qu’une limitation de la vitesse à 50 km/h sur l’axe qui ceinture la capitale serait effective dès le 1er octobre prochain. “Pour les 50 km/h, ça relève de ma décision. Ce sera au 1er octobre. On y travaille depuis 18 ans, donc ce n’est pas un sujet nouveau”, a déclaré l’édile sur RTL.
Une mesure relevant de sa compétence même si l’Etat rappelle qu’il “a son mot à dire”. Si la Mairie souhaite abaisser la vitesse pour des raisons de sécurité ou de protection de l’environnement, elle doit le faire sous contrôle de l’Etat, a tenu à redire le ministère des Transports. La vitesse maximale sur le boulevard périphérique est en effet régie par le code de la route et ne peut être modifiée que par décret pris par le gouvernement.
En mai, le ministre démissionnaire des Transports Patrice Vergriete indiquait par ailleurs ne pas être “favorable au débat en l’état”. Son prédécesseur, Clément Beaune, jugeait quant à lui “aberrante” cette mesure de limitation. Il avait alors affirmé que l’Etat “ne validera(it) pas” cette mesure alors que la ministre de la Transition énergétique de l’époque, Agnès Pannier-Runacher, avait dénoncé une mesure “antisociale”, susceptible de générer davantage de bouchons et donc d’émissions de CO2.
#Périphérique | La Maire de #Paris ne cherche pas à faire baisser la pollution ou le bruit mais à faire de la communication.
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Un “scandale sanitaire”
Mais qu’en est-il vraiment ? Sur l’axe autoroutier, les niveaux particules ultrafines sont 2 à 2,5 fois supérieurs à ceux relevés au sein de la capitale, note l’organisme de surveillance de la qualité de l’air, Airparif. Dans une tribune publiée en mars dernier par Libération, l’adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique, Dan Lert qualifie ainsi de “scandale sanitaire” la situation imposée aux riverains. “De part et d’autre du boulevard périphérique, un demi-million de personnes vivent au quotidien. (…) Ces résidents, parmi les plus pauvres de Paris, sont exposés à une pollution atmosphérique et sonore qui tue et rend malade”, écrit-il.
Face à ce constat, l’adjoint écologiste à la voirie, David Belliard, défend “une mesure de bien commun qui a un intérêt collectif”. S’appuyant sur la baisse actée en 2014, faisant passer la vitesse de de 80 km/h à 70 km/h sur l’autoroute urbaine, il souligne une “réduction des nuisances sonores, notamment la nuit”, mais aussi “une baisse de 15%” des accidents “sur les premiers mois” suivant son introduction. “Diminuer la vitesse maximale, c’est limiter les à-coups, les effets d’accélération et de décélération, ce qui fluidifie le trafic”, ajoute l’adjoint. Un facteur important dans la lutte contre la pollution, qui “dépend du nombre et du type de véhicules qui roulent sur le périphérique, mais aussi de la congestion des flux”, explique auprès d’Actu Paris Pierre Pernot, ingénieur au sein d’Airparif.
De son côté, l’association Respire reste prudente quant à la pertinence de l’initiative. Ces quinze dernières années, “on voit que le nombre de kilomètres parcourus sur le périphérique a baissé, tout comme la pollution aux abords”, confirme sur Franceinfo Tony Renucci, son directeur, tout en nuançant : “on ne verra [l’efficacité] qu’à l’usage”. Pour améliorer sensiblement la qualité de l’air, Pierre Pernot pointe par ailleurs la nécessité “d’un ensemble de mesures”. En complément d’une réduction de la vitesse, la maire de Paris envisage par exemple l’instauration d’une voie de covoiturage, mise en place temporairement durant les Jeux Olympiques cet été. Réservée aux transports en commun, aux taxis et aux “particuliers qui circuleraient à plusieurs”, elle pourrait permettre de réduire le nombre de voitures sur l’autoroute urbaine. Plusieurs expérimentations similaires sont en cours à Strasbourg, Lille ou encore Grenoble.