Les bâtiments ont laissé place à un champs de rochers. Dans la nuit du vendredi 24 mai, l’effondrement d’un pan de montagne a emporté le village de Yambali, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce pays situé au nord de l’Australie. Face à une situation qui reste depuis instable dans la région, les autorités du pays ont entamé l’évacuation de près de 8 000 habitants menacés par un possible nouveau glissement de terrain dans les hautes terres de l’île principale. “Toutes les heures, on entend la roche se briser. C’est comme une bombe ou un coup de feu et les rochers continuent de tomber”, décrit à l’AFP Sandis Tsaka, administrateur de la province d’Enga.
Here is a satellite image, captured today by @planet, showing the site of the #landslide in Papua New Guinea that is believed to have killed 670 people. The location of the crown of the landslide is [-5.3825, 143.3651]. It is 200 m wide and 500 m long. It moved towards the north. pic.twitter.com/lVuStOqBEf
— Dave Petley (@davepetley) May 26, 2024
D’abord estimé à 670 personnes, le bilan pourrait finalement s’élever à 2 000 victimes ensevelies sous les gravats dans leur sommeil, selon les services de secours. Ces derniers n’ont pour l’instant retrouvé que cinq corps. Il est par ailleurs “très peu probable” que les sauveteurs retrouvent des survivants compte tenu de la gravité du glissement de terrain et du temps qui s’est écoulé depuis qu’il a eu lieu, a déclaré Niels Kraaier, représentant de l’Unicef en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Selon lui, “il ne s’agit pas d’une mission de sauvetage, mais d’une mission de récupération” des cadavres.
“Plus que des rochers”
“Traumatisés”, les habitants qui sont nombreux à refuser de quitter les lieux dans l’espoir de retrouver des proches, creusent le sol directement avec les mains, rapporte Sandis Tsaka. “Dix-huit membres de ma famille sont enterrés sous les débris et la terre sur lesquels je me trouve”, témoigne une survivante auprès de l’agence de presse Reuters. Le nombre d’habitants présents au moment du glissement de terrain est particulièrement difficile à estimer, les listes électorales étant obsolètes et ne recensant que les personnes âgées de plus de 18 ans. Le village, qui faisait office de comptoir pour les mineurs cherchant de l’or dans les hautes terres, pouvait atteindre plus de 4 000 personnes.
“C’était une zone très peuplée, avec des maisons, des entreprises, des églises et des écoles, et elle a été complètement anéantie. C’est la surface de la Lune. Ce ne sont plus que des rochers”, détaille Sandis Tsaka. La catastrophe, qui a d’ores et déjà entraîné le déplacement de plus de 1 000 personnes selon les agences d’aide humanitaire, bouleverse également toute la région située à environ 600 km de la capitale Port Moresby. Jusqu’à 30 000 personnes pourraient ainsi se retrouver isolées, la route principale ayant été endommagée.
Fortes précipitations
Selon les habitants locaux, le glissement de terrain pourrait avoir été provoqué par les fortes pluies récemment enregistrées. Le phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau : en mars, puis en avril, plusieurs catastrophes du même type ont été comptabilisées dans le pays, entraînant la mort d’au moins 35 personnes. Autant de drames qui pourraient se multiplier dans les années à venir. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont le climat est l’un des plus humides au monde, souffre en effet particulièrement des impacts du changement climatique. Celui-ci provoque une modification des régimes pluviométriques, pouvant exacerber le risque de glissement de terrain.
This was the sight our Papua New Guinea team faced last week. Days of torrential rain flooded roads, making rainforest access impossible.
In Papua New Guinea, storms are becoming more severe, with torrential downpours and flash floods wreaking havoc on rainforest communities.… pic.twitter.com/hDXBm57iUi
— Cool Earth (@coolearth) May 21, 2024
Le facteur humain joue également un rôle important, rappellent les scientifiques. L’économie du pays repose en effet sur l’exploitation de métaux comme l’or, le cuivre ou le nickel, mais également sur l’industrie forestière et la production d’huile de palme à l’origine d’une déforestation croissante. Résultat, selon le Programme des Nations unies pour le développement, “au cours des 50 dernières années environ, les pressions croissantes sur les ressources ont intensifié l’exposition du pays aux événements extrêmes.”
Vidéo réalisée par Safia Mandi, Journaliste social media.