Publié le 29 juillet 2024

Vers un désastre écologique ? Le passage du typhon Gaemi aux larges des Philippines a provoqué le chavirage et le naufrage d’un pétrolier au large de Manille. Avec 1,4 million de litres de pétrole à son bord et une fuite détectée pendant le week-end, les autorités craignent désormais une marée noire de grande ampleur.

Le “MT Terra Nova”, un pétrolier battant pavillon philippin, qui transportait 1,4 million de litres de pétrole brut, a coulé dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 juillet au large de la capitale Manille. Ce naufrage a causé la mort d’un des seize marins à bord et pourrait entrainer une catastrophe environnementale. “Nous sommes lancés dans une course contre la montre et nous allons faire de notre mieux pour contenir immédiatement et arrêter la fuite de carburant”, a déclaré le porte-parole des garde-côtes, le contre-amiral Armando Balilo, lors d’une conférence de presse.

Une première nappe de pétrole d’une longueur de 3,7 kilomètres a été détectée dans cette voie maritime très fréquentée, ce week-end. Elle a depuis triplé, et s’étend désormais sur une distance de 12 à 14 kilomètres. Bien qu’encore modeste pour le moment, une marée noire historique est à craindre si l’intégralité du pétrole contenu dans le navire venait à s’échapper. Face à ce risque, les garde-côtes du pays ont immédiatement lancé des opérations pour contenir toute fuite de carburant, via l’installation de barrières flottantes.

Ouverture d’une enquête

Mais la chance pourrait être du côté des autorités, car le navire ne s’est enfoncé qu’à 34 mètres de profondeur. Ce qui est “considérablement peu profond” et facilitera les opérations de siphonnage qui pourront “être effectuées rapidement”, a promis le contre-amiral Armando Balilo. Les garde-côtes se sont ainsi fixés un objectif de 7 jours pour venir vider les cuves du pétrolier et éviter une marée noire de grande ampleur. La pêche dans la baie de Manille a toutefois été suspendue afin d’éviter que la population locale, ainsi que les touristes, “ne mangent du poisson contaminé”.

Cet accident, potentiellement causé par des phénomènes météorologiques extrêmes qui se multiplient en raison du changement climatique, menace désormais la biodiversité immédiate de la région et les moyens de subsistance des pêcheurs et des communautés locales”, a alerté Fread De Mesa, coordinateur de l’association 350.org aux Philippines. “Cet incident souligne le besoin urgent d’orienter résolument les voies de développement des Philippines vers un avenir qui reconnaisse sa vulnérabilité aux conditions météorologiques extrêmes et la futilité du développement basé sur les énergies fossiles“, a-t-il ajouté.

En parallèle, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du naufrage et vérifier si une possible défaillance est à l’origine de cette catastrophe environnementale. Selon les premiers résultats, déjà rendus publics, le pétrolier philippin “n’a pas violé les règles” de navigation par mauvais temps et aucune alerte publique de tempête n’a été déclenchée, malgré les fortes pluies qui se sont abattues sur le nord du pays, et notamment à Manille, lors du passage du typhon Gaemi.

Gaemi, un typhon surpuissant et meurtrier

Toits arrachés, routes et communication coupées, … le passage du typhon Gaemi n’a pas laissé l’Asie indemne. On dénombre 21 morts aux Philippines, 5 à Taiwan et au moins 26 autres en Chine, ainsi que de très nombreux dégâts matériels. Pourtant habitués des tempêtes tropicales fréquentes entre juillet et octobre, ces pays ont été surpris par l’arrivée du “plus puissant” typhon de ces huit dernières années.

En Chine, le président Xi Jimping a tenu une réunion d’urgence le 25 juillet pour faire le point sur l’ensemble des événements climatiques extrêmes qui ont frappé le pays ces dernières semaines. Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, il est également l’un des pays le plus durement touché par le changement climatique. Selon un rapport de l’agence météorologique chinoise, publié début juillet, la deuxième économie mondiale doit se préparer à des vagues de chaleur plus intenses et plus longues, ainsi qu’à des pluies torrentielles plus fréquentes et plus imprévisibles. Comme cela est déjà le cas cet été 2024, où le thermomètre à Pékin a dépassé à plusieurs reprises les 35°C et que le centre du pays est en proie aux pluies diluviennes et aux inondations.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes