Le poumon économique de l’Italie peine à respirer ces derniers jours. Le 18 février dernier, Milan figurait en troisième position des villes mondiales les plus polluées, selon l’entreprise suisse de surveillance de la qualité de l’air IQAir. Juste derrière les métropoles de Dhaka au Bangladesh et de Lahore au Pakistan, dont on s’étonne beaucoup moins de les voir en haut du classement. Mais ce n’est pas pour autant une première pour Milan. En mars 2023, elle figurait déjà sur la troisième marche du podium.
Milan paye les conséquences à la fois de son activité économique (industries et élevages intensifs) mais aussi de sa situation géographique. Située au nord de l’Italie entre la chaîne des Alpes et des Apennins, la capitale de la Lombardie, et plus globalement la plaine du Pô, ne bénéficie que d’une faible circulation de l’air, ce qui favorise l’accumulation des agents polluants. Conséquence : le niveau de pollution figure parmi les plus élevés d’Europe.
A cela s’ajoutent ces dernières semaines des conditions climatiques très défavorables au renouvellement atmosphérique. Selon les autorités italiennes de l’Agence régionale de protection de l’environnement (ARPA), les températures hivernales exceptionnellement élevées par rapport aux normales de saison et les faibles précipitations – des phénomènes exacerbés par le changement climatique – n’ont fait qu’accentuer le phénomène.
“Nouvelle normalité”
La situation a suscité beaucoup d’émoi de l’autre côté des Alpes, jusqu’à s’interroger sur la fiabilité de ce classement. “On agit pour améliorer la qualité de l’air. L’Agence régionale de protection de l’environnement (ARPA) dit que c’est le cas, mais pas assez je l’affirme. Mais de là à ce que tout le monde reprenne l’information d’un institut privé, ce n’est pas possible”, s’est ému le maire de centre-gauche de la ville Giuseppe Sala, au micro de plusieurs médias italiens. L’édile reproche notamment au classement IQAir de ne pas être “tenu de respecter les données scientifiques comme serait tenu de le faire une organisation intergouvernementale”. En effet, ce classement est réalisé via les données fournies par les institutions, dont l’ARPA, mais également par des citoyens bénévoles, détenteurs de capteurs vendus par cette même entreprise suisse.
Mais le fait est que Milan a bien été au-dessus des normes autorisées pour les particules fines, certains jours jusqu’à 30 fois au-dessus de la limite, et ce, pendant près d’un mois. Et si aucune mesure n’est prise pour lutter contre le changement climatique, cette situation pourrait devenir une “nouvelle normalité” pour la région, ont alerté les scientifiques italiens. En attendant, Milan et neuf autres villes voisines ont mis en place une série d’interdictions et de restrictions de circulation.
Le sujet ne concerne pas uniquement l’Italie puisque quelques jours auparavant, la France était une seconde fois mise en demeure par la Cour de justice européenne pour non-respect de la directive sur la qualité de l’air, alors que les 27 pays de l’UE ont dans la foulée trouvé un accord pour renforcer d’ici à 2030 les normes en matière de pollution de l’air, avec l’objectif d’atteindre le “zéro pollution” en 2050. A noter qu’en Europe, plus de 250 000 décès prématurés sont imputables à la pollution atmosphérique.
A l’heure de la publication de cet article, ce lundi 26 février, Milan était classé en 77e position, sept places derrière Paris et juste devant Londres.