Jamais un traité international n’était entré en vigueur si vite après son adoption. En à peine dix mois, les deux seuils nécessaires ont été franchis :
– Celui des 55 pays ayant ratifié le texte. Une barre franchie le 21 septembre dernier, lors de l’événement de haut niveau sur le climat organisé en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
– Celui des 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre couvertes par les Parties ayant ratifié (avec entre autres la Chine, les États-Unis, l’Union européenne).
Aujourd’hui, 97 des 193 pays ayant signé le texte le 12 décembre dernier à Paris l’ont ratifié. Ils représentent 69,22% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Paris se pare de vert
Pour marquer l’entrée en vigueur du traité, Paris, hôte de la COP21, illuminera en vert la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe et les quais de Seine vendredi soir. Des bâtiments publics seront éclairés dans d’autres villes du monde, dont Marrakech, New Delhi, Sao Paulo et Adelaide.
"Cette entrée en vigueur rapide est un signal politique clair sur le fait que tous les pays du monde sont engagés dans une action globale décisive contre le changement climatique", ont déclaré dans un communiqué Patricia Espinosa, responsable climat à l’ONU, et Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères, qui présidera la COP22.
Dans un communiqué publié par l’Élysée, le président de la République Francois Hollande a rappelé que "les engagements pris le 12 décembre dernier au Bourget sont désormais irréversibles". L’Accord de Paris vise à contenir "bien en dessous" de 2°C la hausse des températures moyennes mondiales par rapport à la moyenne de l’ère préindustrielle. Les États ont convenu en outre de "poursuivre les efforts" pour contenir la hausse à 1,5°C.
Obligation de résultats
Le temps presse : jeudi, les Nations Unies appelaient à réduire les gaz à effet de serre pour éviter une "tragédie". "Si nous ne commençons pas à prendre des mesures supplémentaires dès maintenant, dès la conférence de Marrakech, nous finirons par pleurer devant une tragédie humaine évitable", déclarait Erik Solheim, directeur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), lors de la publication du rapport annuel sur l’action climatique mondiale.
Dans ce nouveau bilan, le PNUE s’alarme de la hausse ininterrompue des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les engagements volontaires pris à Paris il y a un an, le monde se dirige d’ici 2100 vers des températures de +2,9 à +3,4°C par rapport au niveau préindustriel, qui sont synonymes d’impacts dévastateurs, souligne le rapport. Pour limiter la hausse à 2°C, il faudrait ne plus émettre dans l’atmosphère "que" 42 gigatonnes équivalent CO2 en 2030 (contre 52,7 Gt éq CO2 en 2014). Or, même si tous les pays tenaient les promesses faites dans le cadre des négociations climatiques, 54 à 56 Gt devraient encore être émises en 2030, soit 12 à 14 Gt de trop.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) affirme de son côté que 2016 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et jamais l’air n’a été aussi pollué par le dioxyde de carbone (CO2) qu’en 2015 : pour la première fois, le seuil moyen de 400 parties par million (ppm) dans l’atmosphère a été atteint.
Le cauchemar Trump
"Alors que le monde se retrouve à Marrakech, nous devons retrouver le sentiment d’urgence que nous avions il y a un an", a plaidé dans un communiqué Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale, car "chaque jour qui passe, le défi du climat grandit".
L’élection présidentielle américaine du 8 novembre porte toutefois une ombre sur cet accord. Si le candidat républicain Donald Trump est élu, il promet de relancer l’industrie du charbon, de détricoter toutes les réglementations environnementales, de supprimer l’Agence américaine de protection de l’environnement…Et de revenir sur l’Accord de Paris.
Marrakech accueillera la COP22 du 7 au 18 novembre . Parmi la vingtaine de chefs d’État qui ont annoncé leur venue, Francois Hollande y assistera les 15 et 16 novembre.