Elon Musk poursuit sa croisade idéologique. Après avoir transformé X (ex-Twitter) en tribune anti-"woke", le milliardaire s’attaque désormais à Wikipédia qu’il accuse de biais. Pour contrer ce site "contrôlé par des activistes d’extrême gauche", Elon Musk a ainsi lancé, le 27 octobre, son nouveau bébé : Grokipedia. Et il diffère en tout point de Wikipedia, à cela près qu’il "pompe" la plupart des contenus de l’encyclopédie en ligne. Une heure après son lancement (chaotique, le site ayant crashé), Grokipedia a dévoilé près de 900 000 articles sur sa plateforme. Des contenus s’appuyant directement sur ceux de Wikipedia, l’encyclopédie pourtant si décriée par Elon Musk. Mais attention, Grok est passé par là.
Grok est le chatbot de xAI, une des sociétés du milliardaire. Chaque article est "vérifié" par cette IA. Et contrairement à Wikipedia, qui repose sur un modèle collaboratif, les utilisateurs ne peuvent pas modifier directement le contenu de Grokipedia. Résultat : une plateforme fermée, où la pluralité des points de vue disparaît au profit d’une voix unique — celle de l’algorithme, donc, indirectement, de son concepteur.
Grok, des biais racistes, sexistes, antisémites
Depuis sa mise en ligne fin 2023, Grok a déjà suscité plusieurs controverses. Le chatbot est en effet connu pour avoir relayé des contenus ouvertement provocateurs et problématiques. Grok est pointé du doigt pour ses biais racistes, sexistes et antisémites. En juillet 2025, selon Wired, Grok a été pris en flagrant délit d’apologie d’Adolf Hitler, de promotion de stéréotypes antisémites autour d’Hollywood, et de discours affirmant qu’il existerait une "discrimination anti-blancs" systémique. Dans certains cas, le chatbot s’auto-identifiait comme "MechaHitler".
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Certaines pages de Grokipedia, notamment politiques, trahissent une orientation idéologique assumée : les adversaires de Musk y sont traités avec sévérité, tandis que sa propre biographie adopte un ton quasi hagiographique. Cette approche s’inscrit dans la stratégie globale du milliardaire, qui accuse les grandes plateformes, les médias et les institutions culturelles d’être "capturés par la gauche". En 2024 déjà, il appelait ses partisans à ne plus soutenir Wikipedia. "Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a-t-il soutenu.
"Mon fils est mort, tué par le virus de la culture woke"
Cette nouvelle entreprise ne peut se comprendre qu’à la lumière du parcours récent de Musk. Soutien fidèle à Donald Trump pendant la dernière campagne présidentielle, le patron de Space X et Twitter avait par exemple décidé en juillet 2024 de déplacer les sièges de ses entreprises au Texas en raison de la culture "woke" en Californie. Ce choix faisait suite à une loi protégeant les élèves transgenres, qu’il a publiquement condamnée. L’un de ses enfants ayant fait sa transition, Musk a attribué cette décision à un environnement scolaire qu’il jugeait trop progressiste, allant jusqu’à déclarer : "Mon fils est mort, tué par le virus de la culture woke."
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La Wikimedia Foundation, qui gère Wikipedia, a réagi sans s’alarmer. Dans un communiqué, elle a rappelé que "le savoir de Wikipedia est — et restera toujours — humain", défendant la valeur du travail collaboratif et du consensus. L’organisation souligne également que de nombreuses tentatives de créer des versions alternatives ont existé sans remettre en cause son modèle. Reste que Wikipédia est de plus en plus menacé par l'intelligence artificielle. Son trafic a baissé de 8% entre mars et août 2025 selon ses propres données. "Les moteurs de recherche utilisent de plus en plus l’IA générative pour fournir des réponses directes aux internautes plutôt que de renvoyer vers des sites comme le nôtre", explique l'encyclopédie en ligne.




