Publié le 28 octobre 2024

Les 50 milliardaires les plus riches du monde consomme le budget carbone de la planète à (trop) grande vitesse. Selon la dernière étude d’Oxfam, publiée en amont de la COP29 qui se tiendra à partir du 11 novembre en Azerbaïdjan, les milliardaires émettent en moyenne plus de 7700 tonnes de CO2 par an, contre un peu plus d’une tonne pour les personnes les plus pauvres.

Ah si j’étais riche…“, disait la chanson. Le budget carbone de la planète s’envolerait en fumée en seulement deux jours, répond Oxfam. Le budget carbone correspond à la somme des émissions de gaz à effet de serre qu’il est encore possible d’ajouter dans l’atmosphère pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. L’ONG publie une étude intitulée “Les inégalités carbone tuent” dans laquelle elle compare les émissions de gaz à effet de serre des 50 milliardaires les plus riches du monde par rapport à celles du reste de la population. Et alerte sur le fait que ces personnes extrêmement riches émettent du CO2 à des niveaux records, sans paraître chercher à limiter leurs émissions.

Un “milliardaire moyen” émet ainsi 7746 tonnes de CO2 par an, en raison de son goût trop prononcé pour les déplacements en jets privés ou pour les vacances dans des yachts de luxe, quand une personne issue des 50% les plus pauvres du monde n’émet que 1,01 tonne par an en moyenne. Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH, premier milliardaire français et cinquième mondial selon le dernier classement de Forbes avec une fortune estimée à 195,5 milliards de dollars, émet quant à lui 8128,6 tonnes de CO2 par an selon les estimations d’Oxfam. Un chiffre à mettre en regard avec les émissions des Français les plus pauvres, qui n’atteignent que 3,8 tonnes annuelles, ou encore celles des 0,01% les plus riches en France, à 261 tonnes.

Le patrimoine financier des milliardaires sur la sellette

Elon Musk, la personne la plus riche du monde avec une fortune estimée à 270,5 milliards de dollars, émet quant à lui 5947 tonnes de CO2. Selon Oxfam, il faudrait 834 ans à une personne moyenne pour émettre autant de gaz à effet de serre. Le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) calcule dans son Emission gap report publié tous les ans que chaque habitant de la planète devrait limiter ses émissions en moyenne à 2,8 tonnes de CO2 par an si l’on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Ces émissions liées à la consommation des milliardaires ne sont cependant que la partie émergée de l’iceberg. C’est surtout par la manière dont ils investissent leur patrimoine financier que ces milliardaires engloutissent le budget carbone de la planète. Selon le rapport, 40% des investissements réalisés par ces 50 milliardaires se trouvent dans des industries très carbo-intensives, comme les hydrocarbures, le secteur minier, le transport maritime, le ciment. Une étude de 2022 d’Oxfam et Greenpeace révélait ainsi que l’empreinte carbone des investissements des milliardaires français atteignait 2,4 millions de tonnes de CO2.

La bonne nouvelle, selon Alexandre Poidatz, responsable plaidoyer climat et inégalités chez Oxfam cité dans un communiqué, c’est que “plus on est riche, plus il est facile de réduire ses émissions. Un simple coup de fil à son conseiller en patrimoine suffit à un milliardaire pour facilement transférer son argent d’une major des combustibles fossiles vers une entreprise à la pointe des énergies renouvelables“. Un tel transfert leur permettrait de diviser par 13 leurs émissions, estime l’étude.

Mesures timides dans le budget 2025

Limiter le recours aux jets privés et autres moyens de transport très émetteurs leur permettrait également de réduire drastiquement leurs émissions. Des comptes sur les réseaux sociaux se sont ainsi créés pour suivre les vols en jets privés des milliardaires, sachant qu’un vol en jet privé émet dix fois plus de CO2 qu’un vol commercial rapporté au passager, selon Transport et Environnement. Bernard Arnault a même déclaré avoir vendu son jet pour ne plus être “traqué” sur les réseaux sociaux. Désormais, il préfère se tourner vers la location d’avions.

Jets privés : Découvrez en une infographie leur impact environnemental

Le projet de loi de finance pour 2025 tente de s’attaquer à tout petit pas à ces inégalités sociales et climatiques. Une taxe de solidarité sur les billets d’avion et les jets privés est ainsi prévue dans le futur budget et pourrait rapporter jusqu’à un milliard d’euros. Oxfam propose plusieurs autres mesures fiscales pour financer la transition climatique, comme une taxe sur les dividendes des entreprises non alignées à l’Accord de Paris ou encore la création d’un impôt sur la fortune climatique, une sorte d’ISF modulé en fonction de l’empreinte carbone du patrimoine financier.

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