Conditions de travail :
Le Rassemblement national (RN) aspire à être le “nouveau parti des travailleurs“. Lorsque l’on se plonge dans les douze pages de programme, le parti indique vouloir lancer dès cet automne “des Etats généraux de la simplification“, dans une volonté de “déverrouiller toutes les contraintes qui pèsent sur la croissance”. En attendant, le RN décrétera “une pause réglementaire dans les surtranspositions européennes“. Par ailleurs, le RN entend “réserver un certain nombre d’emplois stratégiques dans les secteurs liés à la sécurité et à la défense exclusivement à des citoyens français”, comme l’a expliqué Jordan Bardella, le 24 juin dernier. Le président du RN a également promis de suspendre immédiatement la régularisation des travailleurs étrangers sans-papiers, et a invité tous les étrangers qui n’ont plus d’activité professionnelle depuis 6 mois à repartir dans leur pays d’origine. Quant aux salaires, Jordan Bardella promet de donner la possibilité aux entreprises “d’augmenter les salaires de 10% sans cotisations patronales pendant 5 ans, et cela jusqu’à trois fois le Smic”, soit jusqu’à 5300 euros brut mensuels.
Le Nouveau front populaire (NFP) entend quant à lui “conditionner les aides aux entreprises au respect des critères environnementaux, sociaux et de lutte contre la discrimination au sein de l’entreprise” et “exiger le remboursement des aides en cas de non-respect des contreparties”. Il propose aussi “l’annulation des réformes Macron sur le RSA” et souhaite que soit mise en place “une garantie d’autonomie qui complète les revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté“. De plus, l’lalliance prévoit “une augmentation des salaires par le passage du Smic à 1 600 euros net, l’indexation des salaires sur l’inflation, la hausse de 10% du point d’indice” pour les fonctionnaires. Il est également proposé la création d’un congé menstruel dans toutes les entreprises et administrations. Enfin, l’alliance de gauche souhaite l’organisation d’une “conférence nationale sur le travail et la pénibilité“, dans le but de passer aux 32 heures par semaine pour les métiers pénibles ou de nuit.
Du côté de la majorité présidentielle, le parti Ensemble pour la République prévoit de relever le plafond de la prime de partage de la valeur de 3 000 à 10 000 euros, en gardant l’exonération de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu, de mensualiser cette prime, ainsi que d’augmenter les salaires compris entre le smic et 2 000 euros par mois grâce une réforme des cotisations sociales.
Financement de l’économie :
Le Rassemblement national entend “enraciner l’économie et développer l’esprit entrepreneurial en France”. Un programme économique qui s’appuie sur de nombreuses niches fiscales, notamment pour les entrepreneurs de moins de 30 ans qui se verraient exonérer d’impôt sur le revenu pendant cinq ans, sans qu’aucune condition ne soit mentionnée. Le RN propose par ailleurs de doter la France d’un fonds souverain “pour augmenter la rémunération de l’épargne nationale et l’orienter vers les secteurs stratégiques, l’industrie et l’innovation“. La France dispose déjà de dispositifs permettant de soutenir en capital les entreprises, tels que l’Agence des participations de l’Etat ou encore Bpifrance et la Caisse des dépôts (dont Novethic est une filiale). Le RN entend y injecter l’épargne des citoyens à hauteur de 500 milliards d’euros, sans préciser les modalités de collecte. Une somme énorme quand on sait que le fonds souverain norvégien, le plus important du monde avec 1 500 milliards d’euros d’actifs sous gestion, a mis 17 ans à atteindre les 500 milliards.
Le Nouveau front populaire, de son côté, souhaite “créer un pôle public bancaire s’appuyant sur la Caisse des dépôts et la Banque publique d’investissement”. Celui-ci aurait notamment pour mission d’orienter “la collecte de l’épargne réglementée (Livret A, Livret de développement durable, etc., Ndr) vers les besoins sociaux et écologiques“. A noter que la Caisse des dépôts, en fusionnant La Poste, La Banque postale et CNP Assurances, constitue déjà un pôle bancaire public. Le Nouveau front populaire veut également accélérer la décarbonation de la finance en interdisant aux banques de financer les nouveaux projets liés aux énergies fossiles, une demande récurrente d’ONG comme Bank Track ou Reclaim finance. Il propose également d’augmenter les réserves des banques pour faire face à la crise climatique. Un sujet sur lequel le Comité de Bâle, l’organisme international chargé de développer les règles prudentielles bancaires, a encore du mal à se mettre d’accord.
Le programme d’Ensemble, quant à lui, s’inscrit dans la lignée du gouvernement actuel. Il entend ainsi rester attractif pour les investissements étrangers afin de créer 400 usines et 200 000 emplois d’ici 2027. L’investissement dans la recherche et l’innovation, au travers du plan France 2030, contribuera également à développer les entreprises et l’emploi. Enfin, il déclare vouloir poursuivre la dynamique du Fonds vert, créé en 2023 pour financer les investissements locaux liés à la transition écologique.
Environnement :
Le Rassemblement national affiche sa volonté de “refuser toute écologie punitive” pour développer une écologie “de bon sens, basée sur les réalités scientifiques, protectrice du niveau de vie des Français et garante de notre indépendance nationale”. L’une des premières mesures défendues est de revenir sur l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique à l’horizon 2035, adoptée au niveau européen et “d’inciter les constructeurs français à développer des véhicules propres abordables”. Le RN veut aussi supprimer les Zones à faibles émissions (ZFE), qui restreignent dans certaines métropoles la circulation des véhicules les plus polluants pour lutter contre la pollution de l’air.
Le Nouveau Front populaire (NFP) milite pour le développement de transports “publics et écologiques” via par exemple une baisse de la TVA sur les transports en commun et la réouverture de petites lignes de train. Il souhaite aussi rétablir le plan Ecophyto de réduction des pesticides, soutenir la filière bio et l’agroécologie, interdire le glyphosate, les néonicotinoïdes et les PFAS, instaurer un moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières et les mégabassines et gérer 100% de l’eau en régies locales publiques.
Quant à Ensemble, le parti de l’ex-majorité, il propose d’augmenter à 100 000 par an le nombre de véhicules électriques en leasing social. Par ailleurs, sur les pesticides, après avoir renoncé au plan Ecophyto de réduction des pesticides, il vise désormais une réduction des risques liés à l’usage des pesticides de 50% d’ici à 2030, sur la base d’un nouvel indicateur qui ne fait pas consensus. En outre, la loi d’orientation agricole, dont l’examen a été arrêté en raison de la dissolution, prévoit d’accélérer la création de retenues d’eau à vocation agricole.
Energie :
Côté énergie, le RN entend “refaire de la France un paradis énergétique respectant la trajectoire de l’accord de Paris”. Comment ? En relançant le nucléaire d’une part. Le parti d’extrême-droite assure qu’il pourra faire construire vingt réacteurs entre 2033 et 2042 et prévoit un moratoire sur les projets éoliens. D’autre part, en “protégeant les barrages hydroélectriques de la mise en concurrence voulue par Bruxelles” et en investissant dans cette énergie pour augmenter sa capacité de production. Le RN défend aussi la biomasse et les technologies vertes comme l’hydrogène et la géothermie, tandis qu’il se positionne contre l’éolien. En ce qui concerne la rénovation énergétique, le RN veut abroger toutes les interdictions et obligations liées aux diagnostic de performance énergétique (DPE) et mettre en place un accompagnement “pragmatique” des rénovations de logements. Enfin, il entend baisser la TVA sur les produits énergétiques, bien que ce soit contraire aux règles européennes.
Le NFP souhaite voter une nouvelle loi climat avec comme objectifs : interdire le financement des banques pour les énergies fossiles (voir plus haut), assurer l’isolation complète des logements, renforcer la structuration de filières françaises et européennes de production d’énergies renouvelables (de la fabrication à la production), ou encore refuser la privatisation ou la mise en concurrence des barrages hydroélectrique.
Le camp présidentiel a quant à lui lancé un programme de 14 nouveaux réacteurs nucléaires, dont le premier est attendu en 2035-37. Il prévoit par ailleurs de ralentir sur l’éolien terrestre. Il appelle aussi à créer un fonds pour aider les classes moyennes à rénover leur logement. Et il promet de baisser les factures d’électricité de 15% dès l’hiver prochain. “Pour chaque Français, ce sera 200€ de moins sur la facture annuelle.”
Retrouvez ici l’ensemble des programmes : RN, NFP et Ensemble.