L’activité de Cellforce n’aura pas duré longtemps. Porsche a annoncé, lundi 25 août au matin, aux employés de sa filiale de production de batteries pour voitures électriques, créée seulement en 2022, qu’il mettait fin à ses activités. “Pour des raisons de volume et de manque d’économies d’échelle, Porsche ne poursuit plus sa propre production de cellules de batteries“, déclare Oliver Blume, PDG de Porsche dans un communiqué.
La majorité des salariés de l’entreprise devrait être licenciés, sans que le constructeur ne donne de détail sur le nombre de personnes concernées. Le syndicat IG Metall déclare cependant que près de 200 postes sur les 286 que compte l’entreprise seront concernés par le plan de licenciement, qui devrait entrer en vigueur à la fin du mois de novembre. Cellforce devrait néanmoins poursuivre une activité réduite en tant qu’unité de recherche et développement indépendante. Et PowerCo, le centre de compétence sur les batteries du groupe Volkswagen, devrait reprendre une partie des salariés de Cellforce dans son centre de recherche.
Les ventes internationales ne décollent pas
Le groupe Volkswagen, propriétaire de Porsche, avait pourtant signé un accord fin 2024 avec IG Metall s’engageant à ne pas fermer d’usines en Allemagne et à ne pas procéder à des licenciements économiques. Un engagement qui ne semble pas s’étendre jusqu’à la petite filiale de production de batteries. Porsche explique que ses plans pour électrifier sa gamme ne se déroulent pas comme prévu. Notamment à l’international.
Les conditions de marché aux Etats-Unis, où les constructeurs européens font face à l’augmentation des droits de douanes voulue par le gouvernement de Donald Trump, ne sont plus favorables au constructeur allemand. Même chose en Chine où Porsche estime que le marché des voitures de luxe électrique n’a pas encore décollé. L’objectif initial de faire de l’usine de Cellforce située à Kirchentellinsfurt une première “gigafactory” capable de produire jusqu’à 1 gigawattheure (GWh) par an, avant d’augmenter les volumes de production sur un autre site, n’est donc aujourd’hui plus viable économiquement selon le groupe.
En Europe, les ventes de voitures électriques et hybrides restent pourtant élevées, Porsche annonçant avoir atteint 57% d’électrification de ses ventes sur le premier semestre 2025, contre 36% sur le monde entier. Mais là aussi Porsche est à la peine. Comme le reste de la filière européenne de production de batteries, il fait face à une concurrence asiatique très en avance, tant au niveau technologique que sur les capacités de production. Selon le journal allemand Handelsblatt, Porsche pourrait ainsi choisir de se retourner vers le Chinois CATL et le Sud-coréen LG pour ses approvisionnements futurs.
Un comité d’entreprise en création
Du côté des salariés de Cellforce, la pilule a cependant du mal à passer. La branche locale du syndicat de l’industrie IG Metall avait ainsi appelé à un rassemblement des salariés devant l’usine de Cellforce lundi 25 août à 9h00, sur le thème : “façonner l’avenir plutôt que de procéder à des licenciements massifs”.
Début août, IG Metall avait lancé la procédure de création d’un comité d’entreprise au sein de Cellforce, qui devrait être finalisée fin septembre, afin de pouvoir négocier avec la direction sur la poursuite de l’activité. Les salariés étaient en effet en alerte depuis le mois d’avril quand Cellforce avait déjà annoncé stopper ses projets d’expansion de la production. “Nous continuons à demander à l’entreprise d’entamer des pourparlers avec IG Metall et le comité d’entreprise, qui sera en place à partir de la mi-septembre 2025, et de chercher des solutions avec le comité d’entreprise, les acteurs politiques et économiques pour poursuivre la production de batterie à Kirchentellinsfurt“, indique sur LinkedIn Kai Lamparter, le représentant local de IG Metall.