Publié le 09 juin 2015
SOCIAL
Rana Plaza : le fonds d’indemnisation peut enfin effectuer les derniers paiements aux victimes
Les 30 millions de dollars nécessaires à l’indemnisation des victimes de la catastrophe du Rana Plaza ont finalement été réunis cette semaine. Comment? Grâce à un don anonyme de 2,4 millions de dollars. L’intégralité des indemnités vont donc pouvoir être versées.

MUNIR UZ ZAMAN / AFP
Plus de deux ans après la tragédie du Rana Plaza, qui avait causé la mort de 1135 personnes et en avait blessé 2000 autres, les victimes vont enfin pouvoir recevoir l’intégralité de leur indemnisation. Fin avril, il manquait encore 2,4 millions de dollars au fonds d’indemnisation.
Mais le 8 juin, l’OIT (Organisation internationale du travail), qui préside le fonds, a annoncé avoir levé les 30 millions de dollars (26,6 millions d’euros) nécessaires grâce à un don "important". Mais un don anonyme.
Une clause de confidentialité avait été expressément ajoutée à la demande des marques. Celles-ci craignent en effet qu’un lien soit établi entre indemnisation et responsabilité, ce qu’elles ont toujours contesté.
"C’est une étape, mais nous avons encore beaucoup de questions à régler, a déclaré le directeur général de l’OIT, Guy Ryder. "Nous devons maintenant travailler ensemble pour que de tels accidents puissent être évités à l’avenir et pour qu’un système national d’assurance des accidents du travail soit instauré, afin que les victimes de tout éventuel accident soient rapidement et équitablement indemnisées, et prises en charge", a-t-il ajouté.
Le même jour, le G7 se prononçait pour la création d’un fonds mondial de prévention des accidents du travail.
Une indemnisation trop longue à venir
La Clean Clothes Campaign (CCC) a également salué cette étape. Mais deux bémols tempère son enthousiasme : s le fonds va bien permettre aux victimes d’être indemnisées pour la perte de revenus et les soins médicaux, il ne couvre en revanche pas les dommages et intérêts que les victimes sont en droit d’attendre en raison de la "souffrance et de la peine" subies.
La CCC souligne également le temps, bien trop long, qu’il a fallu à des marques, pourtant largement bénéficiaires, pour contribuer à ce fonds, soulignent les limites de la démarche volontaire de la responsabilité sociale des entreprises.
"Cela n’aurait pas été possible sans le soutien des citoyens et consommateurs qui, à travers l’Europe, se sont engagés dans notre campagne ces deux dernières années", précise la CCC. "Ensemble nous avons prouvé une fois encore que les consommateurs européens se soucient des travailleurs qui fabriquent leurs vêtements".
Pressions de la société civile
L’ONG a en effet exercé une pression continue sur les marques impliquées. Et cette pression n’est pas près de se relâcher.
Le même jour, Sherpa, le collectif Éthique sur l’étiquette et Peuples solidaires annonçaient qu’elles portaient de nouveau plainte contre Auchan dont la marque "in Extenso" avait été retrouvée sur des étiquettes dans les décombres du Rana Plaza.
Les ONG avaient déjà porté plainte en 2014, mais celle-ci avait été classée sans suite par manque de caractérisation des "pratiques trompeuses" qu’elles dénonçaient.
Après une nouvelle enquête sur place, elles estiment désormais avoir les preuves nécessaires pour montrer que les violations des droits humains au travail persistent dans les usines sous-traitantes de la marque, et qu’il existe donc un "grand écart entre les engagements du groupe sur sa responsabilité sociale et la réalité des conditions de travail des ouvriers et ouvrières produisant sa marque".