80 % des Français sont favorables à l’allongement du congé paternité. Aussi l’Élysée a indiqué mardi 22 septembre que sa durée allait doubler et passer à 28 jours. Aujourd’hui, le deuxième parent bénéficie de trois jours de congé de naissance et de 11 jours de congé paternité, week-end inclus. Nouveauté également : sur les 28 jours, sept seront obligatoires, a annoncé Emmanuel Macron. Les entreprises ne respectant pas cette obligation s’exposeraient à une amende 7 500 euros.
L’objectif est d’inciter davantage le deuxième parent à profiter du congé de paternité, notamment ceux qui ont un statut précaire. 67 % des pères ont recours au congé de paternité, un chiffre qui n’a que très peu évolué depuis sa mise en œuvre en 2002 et qui dissimule de fortes inégalités sociales : 80 % des salariés en CDI y ont recours, mais moins de 60 % de ceux qui sont en CDD.
Un changement de mentalité pour les entreprises aussi
L’objectif est aussi de favoriser l’égalité femmes-hommes. On sait en effet que le coût de la maternité est particulièrement douloureux pour les femmes. Il marque souvent un point de rupture à partir duquel les écarts se creusent. Or, certaines études montrent qu’avec un congé paternité plus long, les hommes s’impliquent davantage dans l’éducation de leurs enfants, réduisant ainsi la charge des mères. "On essaie de faire converger les congés entre les deux parents", indique-t-on à l’Élysée. La durée du congé maternité peut durer jusqu’à seize semaines pour un premier ou un deuxième enfant.
S’il double la durée du congé de paternité, l’exécutif reste en-deçà des conclusions de la commission Cyrulnik sur les "1 000 premiers jours" du nouveau-né, installée en septembre 2019 par Emmanuel Macron. Elle avait recommandé d’allonger à neuf semaines le congé paternité. "Doubler c’est déjà un changement assez massif en termes d’évolution culturelle et pour la place des pères auprès de l’enfant. Cela permet de changer le regard de la société", assume-t-on à l’Élysée.
La France rattrape seulement son retard
Reste que la France, qui ne figurait pas parmi les pays les plus en avance en Europe sur cette question, rattrape seulement son retard. D’autant qu’Emmanuel Macron qui avait hissé l’égalité femmes hommes au rang de Grande cause nationale de son quinquennat, s’est récemment opposé à la Commission européenne qui souhaitait proposer un congé parental de quatre mois pour chacun des parents à l’issue du congé maternité et du congé paternité.
Ce congé parental aurait été rémunéré à hauteur des indemnités maladies de chaque pays. Ainsi, en France, on passerait de 392 euros par mois à 50 % du salaire, avec un plafond à 1,8 smic. Trop cher pour le chef de l’État qui s’était attiré les foudres de plusieurs organisations syndicales. "Cette directive est déterminante pour garantir l’autonomie économique des femmes, leur égal accès au marché du travail et un autre partage des tâches", faisaient alors valoir la CFDT, la CFTC, la CGT, FO et l’UNSA dans une lettre adressée à Emmanuel Macron.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP
Publié le 23 septembre 2020
L'Élysée a annoncé que le congé paternité allait doubler, passant à 28 jours. Une mesure essentielle qui va permettre au deuxième parent de s'impliquer davantage dans l'éducation des enfants, tout en réduisant la charge des mères. Au sein des entreprises, cela pourrait représenter un tournant culturel. Aujourd'hui, les femmes le payent chèrement en matière d'écart salarial.
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