Publié le 14 mai 2021

SOCIAL

L’Assemblée nationale vote pour des quotas de femmes dans les instances dirigeantes des grandes entreprises

Dix ans après avoir imposé des quotas pour faire grandir la place des femmes dans les conseils d'administration, les députés viennent d'adopter une mesure équivalente dans les postes de direction. Le but est de crever le plafond de verre en passant à 30 % de femmes en 2027 chez les "cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes" et 40 % en 2030. Il faut "rattraper le retard", estime la ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno. 

Egalite hommes femmes FeodoraChiosea 02
Aujourd'hui, le taux de femmes dans les comités de direction plafonne à 17%.
FeodoraChiosea

C’est un vote passé quasiment inaperçu en cette période de crise. Le mercredi 12 mai, l’Assemblée nationale a pourtant adopté une proposition de la loi LREM promettant des quotas pour imposer davantage de femmes aux postes de direction des grandes entreprises. Alors que le taux de femmes dans les comités de direction plafonne à 17 %, "Le quota suscite parfois des inquiétudes mais il est nécessaire" pour "rattraper un retard lié à des inégalités profondément enracinées dans les mentalités", a insisté Élisabeth Moreno, ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, qui a évoqué dans l'hémicycle "une société qui demeure à maints égards patriarcale, sexiste et discriminante".

Réécrit en commission, l'article 7 de cette proposition de loi appelle les entreprises de plus de 1000 salariés à une proportion d'au moins 30% de femmes chez les "cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes" en 2027, et de 40% en 2030. Ces entreprises moyennes ou grandes devront dans un premier temps publier "chaque année les écarts éventuels de représentation" entre les femmes et les hommes "parmi les cadres dirigeants".

En 2030, "dans un délai" maximum "de deux ans", elles devront se mettre en conformité avec la règle de 40% de cadres dirigeantes, sous peine de se voir "appliquer une pénalité financière", plafonnée à 1% de la masse salariale. Avant une éventuelle sanction, l'inspection du travail tiendra toutefois compte du volontarisme des entreprises et de leurs secteurs d'activité, certains comme BTP et ingénierie étant particulièrement masculinisés. C’est un "nouveau jalon pour les droits des femmes", a estimé la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. 

Une réussite dans les Conseils d'administration

Cette proposition de loi s’inspire de la loi Copé-Zimmerman, adoptée il y a dix ans, qui a imposé des quotas de femmes dans les Conseils d’administration. En 2011, la part des femmes y plafonnait à 20 %. En 2021, le taux a plus que doublé atteignant 44,6 %. Mais dans les autres instances dirigeantes, non soumis aux quotas, "Le plafond de verre demeure une réalité", a souligné Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée. Depuis plusieurs mois. Le ministre de l’Economie lui-même, Bruno Le Maire, appelait à "passer à la vitesse supérieure" en entrant "dans une logique plus ambitieuse qui passe par des quotas". "Nous avons la réalité d'une situation qui ne s'améliore pas assez vite. Ni sur l'égalité salariale, ni sur des postes de direction", a-t-il constaté. 

Le plus dur à convaincre était le Medef, opposé au quota. Le président de l'organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux, avait déploré le manque de femmes dans ces instances dirigeantes, sans réclamer l'élargissement de la loi de 2011. Pour des postes sans rotation automatique, "il faut que les gens démissionnent ou qu'ils soient licenciés. Si on licencie des hommes pour faire de la place aux femmes, il y a un problème de discrimination" et de "légalité", a-t-il argué.

Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Droits humains

Le respect des droits humains par les entreprises est devenu crucial pour les investisseurs ou les ONG. Elles dénoncent les violations commises contre des peuples autochtones ou les communautés locales ce qui peut compromettre de nombreux projets, en particulier dans le secteur extractif.

Shein pop up store CHRISTOPHE ARCHAMBAULT AFP

Shein : le géant de l'ultra-fast fashion déstabilisé par une enquête sur des violations de droits humains et environnementaux

Illustration du "pire de l’industrie de la mode", Shein est au cœur des critiques. Visé par une campagne contre la fast fashion à l’occasion du Black Friday, le géant de l’e-commerce fait également l’objet d’une procédure lancée par la cellule française de l’OCDE. Cette dernière devra enquêter sur...

Tuvalu TORSTEN BLACKWOOD AFP

Le Tuvalu, menacé de disparaître sous les eaux, obtient l'asile climatique

L'Australie accorde officiellement l'asile climatique au Tuvalu, archipel du Pacifique menacé de disparaître sous les eaux avant la fin du siècle. Cette première mondiale est un soulagement pour les habitants. Mais l'accord n'efface pas la responsabilité de l'Australie, grand producteur d'énergies...

Greve etats unis automobile

La grève historique chez Ford, Stellantis et General Motors mène à une augmentation de 25% des salaires

La grève des ouvriers a payé. Des accords qualifiés d'"historiques" par le président américain Joe Biden ont été signés avec les trois principaux constructeurs automobiles, Stellantis, Ford et General Motors. Les salariés ont obtenu une hausse des salaires progressive de 25%, une première depuis la...

Ouvrier dubai GIUSEPPE CACACE AFP

Chaleur caniculaire : des dizaines d'ouvriers mis en danger sur les chantiers de la COP28 à Dubaï

Une nouvelle controverse vient bousculer la préparation de la COP28. Une enquête menée sur les chantiers de la prochaine conférence sur le climat révèle que plusieurs ouvriers ont été exposés à des chaleurs extrêmes, les mettant en danger. La COP devrait pourtant être l’occasion d’aborder les...