Publié le 21 décembre 2017
[Mise à jour le 21 décembre 2017] Lactalis vient d'annoncer le retrait de 720 nouveaux lots de laits infantiles, en plus de 625 déjà retirés depuis le 2 décembre. Preuve, selon Foodwatch, que des problèmes de traçabilité ralentissent le processus des rappels. Même pour le gouvernement Lactalis n'a pas su "maîtriser le risque". Quant à la Confédération paysanne, elle dénonce les dérives d'un modèle de production hypercentralisée. 

Quel est le problème ?
Le 2 décembre, 20 cas de salmonellose sont déclarés. Des nourrissons de moins de 6 mois ont développé cette maladie transmise par du lait contaminé. Selon les résultats de l’enquête, l’usine Lactalis de Craon (Mayenne) serait à l’origine de cette contamination. Lactalis réalise alors un rappel d’une liste de références. Mais mi-décembre, cinq nouveaux cas sont déclarés. Or cette dernière contamination provenait d’une nouvelle référence qui ne figurait pas dans la liste déjà publiée des produits concernés. Finallement, ce 21 décembre Lactalis a annoncé le retrait et le rappel de tous les produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans son usine de Craon depuis février 2017. Soit 720 lots de laits infantiles en plus des 625 lots déjà retirés.
Comment a réagi le gouvernement ?
Le gouvernement a fermement réagi estimant que "les mesures prises par l’entreprise n’étaient pas de nature à maîtriser le risque de contamination de produits destinés à l’alimentation d’enfants en bas âge". Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a décidé la suspension de la commercialisation et des exportations de plusieurs références de produits nutritionnels infantiles.
Lactalis était-il au courant depuis juillet ? 
Selon Lactalis, la contamination serait survenue lors des deux tours de séchage, entre le 1er et le 6 mai. Problème : il a reconnu qu’en juillet des prélèvements positifs aux salmonelles avaient été réalisés sur le petit matériel de nettoyage et les carrelages, mais pas dans le lait. "Alors depuis combien de temps Lactalis savait-elle qu’elle exposait les bébés à un risque ?", se demande l’association FoodWatch qui rappelle qu’en 2005, dans la même usine, une contamination similaire avait déjà touché une vingtaine d’enfants. L’association UFC-Que-Choisir a porté plainte contre Lactalis pour "tromperie". 
Y a-t-il un problème de traçabilité ?
Comme pour l’affaire du Fipronil, la question du défaut d’alerte au niveau européen se pose. Au début, elle n’a été donnée que pour 12 lots concernant une dizaine de pays. Or la "liste s’est allongée à 45 pays. C’est le signe que le système de traçabilité des aliments ne fonctionne pas toujours", prévient Foodwatch. "Pourquoi la France n’a-t-elle communiqué l’information sur le réseau européen que le 4 décembre ?", se demande l’ONG. 
Faut-il décentraliser la production et la transformation ?
Pour la Confédération paysanne de Mayenne, cette affaire est le symbole des dérives de ce modèle de production. Interrogé par France Bleu Mayenne sur la question, le porte-parole de la Confédération, Raphaël Bellanger a expliqué que "plus on concentre les outils de production et de transformation, plus les risques sanitaires et économiques sont importants pour toute une filière". "Nous avons toujours mis en garde sur ces dérives de rationalisation des modèles de production. Nous allons tout droit dans le mur si nous continuons dans ce sens", a-t-il ajouté. 
Marina Fabre@fabre_marina 

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