Publié le 22 novembre 2018
SOCIAL
La riposte s'organise contre le Black Friday, véritable vendredi noir pour la planète
Ce vendredi 23 novembre, le Black Friday et ses promotions en tous genres débarquent en France. Importé des États-Unis, cet événement commercial va booster les ventes, mais interroge sur les coûts environnementaux et sociaux de cette consommation de masse. En signe de protestation, le mouvement Green Friday lancé l'année dernière par le réseau Envie, prépare sa seconde édition, appuyé de nombreuses marques responsables.

@Green Friday
Vous ne trouverez ici ni bons plans, ni sélection des meilleures affaires pour le Black Friday mais plutôt une multitude d’idées pour ne pas céder à la surconsommation. Lancé l’année dernière par le réseau de réemploi Envie, le mouvement Green Friday a depuis pris de l’ampleur et a été rejoint pour sa seconde édition par une centaine de membres et marques responsables telles que La Textilerie, Treez, Gobi ou encore Loom.
"Pour dire stop à cette consommation devenue kamikaze, déconnectée des coûts environnementaux et sociaux, le Green Friday se mobilise en rappelant que l’acte d’achat est un choix fort : celui de changer le monde au quotidien", martèle le collectif. "Face à une course au profit trop souvent aveugle, Green Friday entend rappeler que les actions individuelles peuvent avoir un impact décisif sur le collectif."
15 % des ventes reversées à des associations
En juin dernier, Green Friday lançait l’association éponyme avec la Mairie de Paris, Altermundi, DreamAct, Ethiquable, le REFER et Emmaüs. Pour le Black Friday, les marques du collectif s’engagent à ne faire aucun rabais sur leurs produits et à reverser 15 % du chiffre d’affaires enregistré ce jour-là à des associations de promotion de la consommation responsable (Hop, Éthique sur l’étiquette, Zero Waste…). Par ailleurs, de nombreux ateliers de réparation, couture, tricot, Do it yourself (Faites-le vous-même) sont organisés partout en France.
"Il y a tellement d’objets déjà en circulation”, rappelle Marine Foulon, chargée de communication de Zero Waste France. “Pourquoi extraire toujours plus de matières premières pour produire de nouveaux objets alors que l’on peut acheter d’occasion, réparer, emprunter, louer, récupérer tout ce dont on a besoin la plupart du temps ?”. L’association a lancé en début d’année le défi "Rien de neuf" qui a déjà été rejoint par 14 000 personnes et se fixe l’objectif de 100 000 participants en 2019. Pour mobiliser massivement, elle organise à l’occasion du Black Friday des rencontres dans 10 villes françaises.
Vrack Friday chez Naturalia
De son côté, la Camif ferme cette année encore son site internet en signe de protestation alors que c’est le jour le plus commercial de l’année. Parallèlement, l’entreprise de vente de meubles organise toute la semaine l’opération #ondonnetout, qui propose pour chaque produit acheté, d’en donner un du même fabriquant à Emmaüs Défi afin de venir en aide à des familles dans le besoin. Et le siège organise une matinée Portes Ouvertes à Niort le 23 novembre pour sensibiliser le public à la consommation responsable.
"Le Black Friday représente l’inverse de ce que nous prônons à la Camif : cette consommation rendue compulsive par un matraquage à faire perdre la raison, qui n’a aucun sens ! Le vrai coût des prix bas est d’abord social et environnemental. À moyen terme, c’est l’essentiel de la valeur créée par nos entreprises, qui se trouve concentré dans une seule main : celle des GAFA. Est-ce vraiment ce à quoi nous aspirons ? Ne devons-nous pas, au contraire, redonner du sens et de la valeur à notre consommation ?", interpelle Émery Jacquillat, président de Camif.fr dans un communiqué.
D’autres grandes enseignes se mobilisent. C’est le cas de Naturalia qui a détourné le Black Friday en "Vrack Friday" pour inciter à réduire les emballages sur de nombreuses références (graines, riz, pâtes, etc). La plateforme d'autopartage Drivy offre 50 euros à ses clients qui auront boudé le Black Friday tandis que Nature & Découvertes lance une campagne choc de réductions ... pour alerter sur la disparition des espèces animales (-73 % de moineaux domestiques à Paris, -90 % de requins en Méditerrannée).
Et l’enseigne lance un vote auprès du public pour reverser des fonds à quatre associations de défense de la biodiversité. Avec un bémol tout de même puisque jusqu'au 20 novembre, Nature & Découvertes organisait deux semaines de promotions pour ses clients Privilège…
Concepcion Alvarez, @conce1