Publié le 24 septembre 2018
SOCIAL
Fashion Week de Paris : les trois quarts des enseignes progressent vers une mode plus durable
Chaque année, fin septembre, les marques de luxe et les stylistes de renom se retrouvent pour la grand-messe de la mode, la Fashion Week de Paris. Dans les défilés, le vert se fait une place de plus en plus grande. Selon un nouveau rapport, les trois quarts des marques de mode ont amélioré leur impact environnemental et social.

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"L’industrie de la mode connaît une transformation significative", estime l’ONU Changements climatiques. "De plus en plus d'entreprises s'orientent vers des modèles commerciaux plus durables aidant ainsi à lutter contre le changement climatique et à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD)". Le vert serait-il devenu la nouvelle couleur tendance ?
À en croire le nouveau rapport "Pulse of the fashion industry", qui fait référence dans le secteur, "2017 a été un tournant" avec 75 % des marques de mode qui ont amélioré leur score en matière de soutenabilité. La note globale a ainsi augmenté de 6 points, passant de 32 à 38 sur 100.
Parmi les leaders, Levi’s vient ainsi de s’engager à n’utiliser que des énergies renouvelables dans les deux usines qu’elle possède d’ici 2025, et à réduire de 90 % les émissions de ses propres bâtiments, par rapport à 2016. La marque va plus loin puisqu’elle se fixe aussi l’objectif de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre dans toute sa chaîne d’approvisionnement, y compris chez ses sous-traitants.
Tendance irréversible
Pour Chantal Malingrey, responsable du marketing de Première vision, un salon parisien de l'amont de la filière mode, qui vient de se tenir à Paris (19-21 septembre), "nous ne sommes pas encore dans la banalisation de la mode durable, mais le nombre d'innovations faites au cours des dernières années rend cette tendance irréversible".
Feuilles d'ananas transformées en sacs et blousons, bouteilles plastique recyclées en semelles de baskets qui se vendent à un million d'exemplaires, top en polyamide recyclé, tailleur-pantalon de papier journal découpé et jupe en foulards récupérés, les façons de faire des vêtements durables sont multiples. Si les maisons de luxe tirent la deuxième industrie la plus polluante au monde dans le bon sens, reste désormais à emmener avec elles les PME qui se situent en entrée et milieu de gamme.
Une mode toxique
Ces entreprises, qui représentent 50 % de l’ensemble de l’industrie, sont épinglées comme les points faibles du secteur par les auteurs du rapport. En cause, un modèle économique basé sur les prix bas. "Dans les années 90, l’accélération des prix bas a entraîné une perte de repère sur la valeur du vêtement chez les consommateurs et les producteurs. Cela a contribué à rendre la mode toxique pour l’environnement, les travailleurs et la société. Ce pas de côté peut être compliqué à effectuer pour une entreprise engagée dans cette course folle mais il est indispensable", explique Majdouline Sbaï, auteure de "Une mode éthique est-elle possible ?" (1).
Selon le Workers Rights Consortium, une hausse de seulement 10 centimes par vêtement permettrait pourtant de mettre les usines aux normes de sécurité et d’éviter un nouveau Rana Plaza. "Il est primordial de réinvestir dans l’appareil productif et de se réapproprier la chaîne de valeur pour pouvoir passer d’un modèle aujourd’hui très linéaire à un modèle circulaire", explique la sociologue. Il s’agit aussi pour les entreprises de se saisir d’une opportunité économique. Sans changements, le "Business as usual" ferait chuter leurs bénéfices de 3 à 4 % en 2030.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) "Une mode éthique est-elle possible ?", Majdouline Sbaï, Editions Rue de l'échiquier, avril 2018.