C'est un effondrement inédit du marché des ordinateurs. Leurs ventes sont tombées à un niveau inférieur à celui du confinement, en baisse de 29% au premier trimestre 2023, par rapport à la même période en 2022. Moins de 57 millions d'ordinateurs personnels ont été vendus dans le monde, soit 2 millions de moins qu’en 2019.

Les grands groupes sont les premiers touchés. Apple a enregistré la diminution la plus forte : ses ventes d'ordinateurs ont chuté de 46% sur un an, à 4 millions d'appareils vendus au premier trimestre, selon Canalys. Le géant californien arrive en quatrième position en termes de parts de marché, derrière Lenovo, HP et Dell, et juste devant Asus.

Pourrait-il s’agir d’une tendance à la déconsommation ? On pourrait en effet supposer que la prise de conscience liée à la pollution numérique freine les consommateurs dans leurs achats. Les effets délétères des nouvelles technologies d'information et de communication sur le changement climatique connaissent une médiatisation croissante. Les études scientifiques abondent en ce sens. Le secteur devrait à lui seul représenter 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2040, soit l'équivalent des émissions actuelles des États-Unis. 

La sobriété semble être l'unique voie envisageable pour une réduction drastique des émissions, comme le souligne l'étude "L'empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050 en France" publiée en mars 2023 par l'Ademe et l'Arcep, l'Agence de régulation des communications électroniques. Les conditions pour la mise en œuvre de la sobriété s'articulent autour de l'écoconception, la restriction du nombre d'appareils pour les particuliers, et l'allongement de leur durée de vie.

Cette baisse s'explique aussi en raison du pic de ventes généré par la généralisation du télétravail pendant la pandémie, avec un marché en progression de 27% par rapport à la période 2019 selon l'institut Canalys. La chute des ventes est une répercussion de ce renouvellement électronique massif. En outre, lors du confinement, les entreprises ont constitué d’importants stocks d’ordinateurs pour répondre à une demande forte.

Le contexte économique actuel est aussi responsable d'une baisse de l'achat des ordinateurs. L’inflation, l’anticipation d’une récession mondiale, la hausse des taux d’intérêts diminuent le pouvoir d’achat des consommateurs. "La demande reste réduite dans toutes les catégories, notamment à cause des hausses des taux d'intérêt qui continuent aux Etats-Unis, en Europe et d'autres marchés où la réduction de l'inflation est la priorité absolue", a noté Ishan Dutt, analyste de Canalys, dans un communiqué de presse.

Cependant, les analystes veulent rester optimistes. En 2024, la transition vers le système d’exploitation Windows 11 et l’obsolescence des équipements devraient permettre de donner un nouveau souffle au marché des ordinateurs dans les années à venir. A moins que la sobriété ne soit déjà en marche...

Mathilde Soundron avec AFP