Publié le 9 septembre 2019
À quelques mois du lancement de l'appel d'offres par la Ville de Paris pour limiter le nombre d'opérateurs de trottinettes en libre-service, ces-derniers multiplient les annonces pour espérer rester dans la capitale. Le leader Lime vient ainsi de décider de se séparer de ses "juicers" auto-entrepreneurs, chargés de collecter et recharger les engins. Ils étaient quelques dizaines à collaborer chaque jour avec la firme.

La multiplication des flottes de trottinettes en libre-service a créé un nouveau métier, celui de "juicer" ou chargeur de trottinettes. Le principe est simple : plus ces-derniers rechargent de trottinettes, plus ils gagnent d’argent. Il faut donc être rapide et parfois un peu aventurier pour en récupérer le plus possible avant les autres, dans des endroits parfois insolites, puis les ramener chez soi avant de les redéployer au petit matin. Une trottinette rechargée peut rapporter entre cinq et dix euros. Mais il faut retirer les frais d’électricité et les charges car ces "juicers" sont le plus souvent des auto-entrepreneurs qui trouvent là un moyen d’arrondir leurs fins de mois.
Face aux nombreuses critiques qui ont éclaté ces derniers mois, notamment sur les réseaux sociaux, les opérateurs ont pris les devants. Lime, leader du secteur, vient d’annoncer qu’il cesserait de faire appel à des auto-entrepreneurs dans la capitale. "À compter du 21 octobre, la société fera désormais exclusivement appel à des prestataires de recharge professionnels, ayant une société établie de type SASU ou SARL, et répondant à de nouveaux standards de qualité et de sécurité avec des lieux de rechargement professionnels, ainsi qu’aux normes environnementales" explique la firme dans un communiqué.
Concurrence accrue
Lime collabore chaque jour avec des dizaines, et jusqu’à une centaine, de juicers en fonction du nombre de trottinettes électriques à recharger. Ceux-ci vont donc devoir se trouver une autre activité ou créer leur propre structure, avec l’aide de la firme, promet-elle. Deux critères seront désormais mis en avant dans le choix des prestataires, l’utilisation des véhicules électriques pour la collecte ainsi que les énergies vertes pour la recharge.
"Lime a conscience de ses responsabilités de leader dans un secteur tout juste naissant. Nous faisons le choix du long terme en investissant dans l’économie locale pour proposer aux Parisien.ne.s un service unique de mobilité douce, particulièrement respectueux des normes environnementales et sociales en vigueur" commente Arthur-Louis Jacquier, General Manager de Lime à Paris.
"Face au bad buzz, les opérateurs sont obligés de bouger, analyse Jocelyn Loumeto, délégué général de la Fédération des Professionnels de la Micro Mobilité. Par rapport à des services de livraison de nourriture par exemple, la concurrence est tellement importante dans ce secteur qu’ils sont obligés de s’aligner avec les meilleures pratiques en termes d’image."
Des incitations au stationnement civique
L’annonce de Lime n’est pas non plus sans lien avec l’appel d’offres que lancera la Mairie de Paris dans quelques mois. Le nombre d’opérateurs de trottinettes en libre-service devrait être limité à deux ou trois, contre une douzaine avant l’été. Certains, comme Bolt, Hive, Wind ou Ufo ont d’ores et déjà suspendu ou arrêté leurs services face aux nouvelles exigences de la Ville et au manque de rentabilité.  
D’autres, comme Voi, installé à Paris cet hiver, a drastiquement baissé le nombre de ses trottinettes, passant de plusieurs milliers à 500. L’opérateur a également mis en place 10 000 zones de stationnement incitatives pour ses utilisateurs. Ceux-ci reçoivent un euro de crédit sur leur application à chaque fois qu’ils se garent dans l’un de ces espaces. Tout est bon pour être dans les petits papiers de la mairie. Car ils sont encore sept opérateurs dans les starting-blocks.  
Concepcion Alvarez, @conce1

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