Publié le 20 février 2022
Elle est la petite-fille du cofondateur de Walt Disney Company, mais n’est pas toujours fière de porter le nom du groupe. Abigail Disney a coréalisé un documentaire sur la situation des employés des parcs d’attraction, payés au salaire minimum sans parvenir à vivre décemment. Elle s’en prend à la culture des grandes compagnies qui cherchent à maximiser leurs profits sans se préoccuper des besoins vitaux de leurs employés.

Elle avait été prise d’un coup de colère au tout début de la pandémie. Abigail Disney, la petite-fille de Roy Disney cofondateur de l’empire de Mickey avec son frère Walt, avait rédigé une longue série de tweets pour exprimer son vif mécontentement aux dirigeants du groupe lorsque ceux-ci ont décidé de licencier plusieurs milliers de salariés des parcs de loisir quand les confinements ont été décidés. De cette situation qu’elle jugeait injuste, Abigail Disney a décidé d’en faire un film documentaire, avec la co-réalisatrice Kathleen Hughes, pour montrer la situation de ces employés des grandes entreprises américaines qui, malgré leur emploi à plein temps, peinent à joindre les deux bouts.
Intitulé "The American Dream and Other Fairy Tales" (Le rêve américain et autres contes de fées), le documentaire a été présenté pour la première fois fin janvier lors du célèbre festival du film indépendant de Sundance 2022. Il va désormais faire la tournée des festivals, pour une sortie auprès du grand public espérée par la société de production pour la fin de l’année. Il suit Abigail Disney qui part à la rencontre des salariés des parcs d’attraction Disneyland et Disneyworld aux États-Unis. Et l’héritière, qui dispose d’actions dans le groupe mais d’aucune fonction exécutive, est tombée des nues. Elle avait bien conscience des problèmes sociaux dans le groupe, "mais je ne savais pas à quel point", déclare-t-elle dans une interview au magazine Variety.

Changement de culture des entreprises


Elle révèle ainsi qu’une scène du documentaire l’a particulièrement choquée. Dans une salle anonyme, elle interroge une dizaine d’employés Disney assis autour d’elle. "Avez-vous ou connaissez-vous quelqu’un qui dépende de la banque alimentaire pour se nourrir ?" ; "Avez-vous ou connaissez-vous quelqu’un ayant des difficultés pour obtenir une assurance médicale ?" ; "Avez-vous ou connaissez-vous quelqu’un ayant dû dormir dans sa voiture ?" Pour chaque question, la quasi-totalité des personnes présentes lève la main.


Le salaire horaire minimum vient juste d’être augmenté chez Disney à 15 dollars. Une petite lueur d’optimisme pour Abigail Disney, même si "les salariés ont dû combattre pour l’obtenir", rappelle Kathleen Hughes dans Variety. Mais à l’autre bout de l’échelle, les dirigeants du groupe continuent de bénéficier de rémunérations parmi les plus élevées des États-Unis. Selon l’ONG As You Sow, Robert Iger, l’ancien dirigeant de Walt Disney Company, figurait en cinquième position des PDG les plus payés des États-Unis en 2021, avec un ratio d’équité (écart entre la rémunération des dirigeants comparée à celle des plus bas salaires) parmi les plus élevés.
Abigail Disney appelle à plus de réglementation sur les salaires minimum, mais aussi à transformer la culture d’entreprise qui est devenue une véritable "cleptocratie légale", dans laquelle chacun cherche à maximiser son profit personnel au détriment de l’ensemble. Un changement qu’elle estime possible, certains dirigeants comme ceux Paypal ou de SalesForce étant, à ses yeux, plus proches des préoccupations de leurs salariés.
Arnaud Dumas, @ADumas5

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes