Publié le 12 avril 2023

SOCIAL

80% des actifs veulent un travail en adéquation avec le défi climatique : la révolution est en marche

C'est un symbole de taille. Plus des trois quart des salariés souhaitent un travail en adéquation avec la lutte contre le changement climatique, selon une nouvelle étude. Entre l'écosyndicalisme, les collectifs étudiants comme le Réveil écologique et leurs aînés des Alumni for the planet... la pression monte sur les entreprises. 

Entreprises salaries iStock fizkes 01
Pour retenir et attirer les talents, les entreprises vont devoir prendre un (vrai) virage vert.
Istock

C’est un chiffre pour le moins éloquent. Selon une enquête publiée début avril par l’Unédic, organisme qui gère le régime d’assurance-chômage, huit actifs sur dix souhaitent que leur travail soit en adéquation avec le défi climatique. Dans le détail, 38% espèrent qu'il contribue positivement à protéger l'environnement et 46% qu'il n'ait pas d'impact négatif. Or, toujours selon l’enquête, menée auprès de 2 000 personnes par le cabinet d’études Elabe, ils ne sont que 20% à estimer que leur travail actuel contribue positivement à la transition écologique. Un quart déclare d’ailleurs ne pas savoir si son travail a un impact négatif ou positif en matière environnementale. 

"S’ils partagent très largement les inquiétudes relatives au changement climatique, les actifs apparaissent quelque peu démunis face à la nécessité d’acquérir une culture écologique", note l’Unédic. Apparaît également la nécessité de suivre des formations : plus de la moitié des sondés (54%) estime que le niveau de compétences des actifs n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques. 

Nécessité d’aligner les engagements professionnels sur les convictions personnelles 

"C’est la traduction de la révolution d’opinion qui s’est opérée : à la fois, un besoin de mise en cohérence des préoccupations personnelles avec les activités professionnelles et la perception, aussi, que ces compétences jouent sur l’employabilité, parce que, qu’on le veuille ou non, un certain nombre de métiers vont évoluer", estime Laurence Bedeau du cabinet Elabe. 

Preuve de la prise de conscience des actifs, un quart d’entre eux envisagent de changer de métier, d’entreprise ou de secteur pour mettre leur vie professionnelle en cohérence avec leurs préoccupations écologiques. Des données qui viennent corroborer celles d’une autre étude publiée début mars par le Net Positive Employee Barometer. L’étude menée par le cabinet Opinium auprès de 4 000 travailleurs - 2 000 Britanniques et 2 000 Américains - montrait que la moitié d’entre eux envisageaient de quitter leur employeur en raison de valeurs trop différentes, en priorité environnementales. 33% déclaraient d’ailleurs avoir déjà quitté leur entreprise pour cette raison. Cette tendance de fond a été baptisée le "conscious quitting", autrement dit, la "démission consciente".  

Boycott, pression interne et syndicat 

Cette aspiration à un travail qui a du sens est de plus en plus relayée dans le monde économique. Les entreprises sont sous pression si elles veulent rester attractives. Le Réveil écologique, collectif de la jeunesse étudiante rassemblant des grandes écoles, n’a de cesse de leur rappeler. Créé fin 2018, ce mouvement réunissant des jeunes de  Sciences Po, Polytechnique, HEC, AgroParisTech… appelle les entreprises à répondre à l’urgence climatique. Dans le cas échéant, ces étudiants pourraient boycotter les entreprises qui n’ont pas pris le virage vert. "C'est une véritable bombe à retardement : au fur et à mesure que ces jeunes générations s'empareront de l'économie, ce décalage sera de plus en plus préjudiciable aux entreprises qui ne parviendront pas à rattraper leur retard", pointait récemment Paul Polman, l’ancien PDG d’Unilever. 

En interne, les lignes bougent également. On pense à ces réseaux d’anciens élèves, les Alumni for the planet, qui mettent la pression sur leurs entreprises. Dès le lancement du collectif, en novembre 2020, de grands noms avaient rejoint le mouvement comme la co-présidente du groupe n°1 du GIEC, Valérie Masson-Delmotte, le directeur général du groupe Maif, Pascal Demurger, ou encore le président de la fondation GoodPlanet, Yann Arthus-Bertrand. Autre levier, celui des syndicats. 

Plus de deux ans après son lancement, le premier "éco-syndicat" français a fait du chemin. Baptisé le Printemps écologique, ce pionnier dans l’univers du syndicalisme a infiltré 170 entreprises de secteurs très divers, et dans autant de petites entreprises comme Simplon que de grandes comme Microsoft ou Orange. "Le citoyen peut voter pour les représentants de son choix. Le consommateur responsable opte pour des produits de son choix. Mais le salarié peut-il choisir ?", résume le Printemps écologique.  

Marina Fabre Soundron avec AFP


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