Publié le 12 novembre 2020
ENVIRONNEMENT
Climat : les réseaux d'anciens élèves mettent la pression sur leurs entreprises
Sciences Po, Polytechnique, Mines Paris Tech, l'université Paris Dauphine,... des anciens élèves diplômés de plus de 200 écoles et universités viennent de rejoindre Alumni for the planet. Ce collectif, dont certains membres occupent aujourd'hui des postes à responsabilité dans plusieurs domaines différents, entend mettre la pression sur les entreprises. Les étudiants du collectif Pour un réveil écologique peuvent désormais compter sur le soutien de leurs aînés.

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Depuis quelques années, les jeunes sont au premier plan de la lutte contre le changement climatique. En France, plus de 32 000 étudiants de Grandes écoles ont ainsi signé le manifeste pour un Réveil écologique en 2018. Ce collectif met au défi les entreprises sur leur politique climatique. Ces dernières, qui veulent attirer et fidéliser les nouveaux talents, sont mises sous pression. Or une autre communauté de poids s’allie désormais aux jeunes étudiants : les alumni.
Ces anciens élèves diplômés, formés en associations, viennent de créer Alumni for the planet avec des parrains et marraines de renom comme la scientifique et co-présidente du groupe n°1 du GIEC, Valérie Masson-Delmotte, le directeur général du groupe Maif, Pascal Demurger, ou encore le président de la fondation GoodPlanet, Yann Arthus-Bertrand. Au total, plus de 173 écoles et universités ont rejoint ces alumni engagés. "Aujourd’hui, les alumni occupent des postes à responsabilité dans les entreprises. C’est en partie sur eux que repose le changement", fait valoir le cofondateur du collectif, Michel Salem Sermanet.
Un levier massif de plusieurs millions de personnes
Ces anciens diplômés qui s’engagent tous pour lutter contre le changement climatique représentent en effet un vrai levier d’action pour pousser les entreprises à prendre des engagements ambitieux. "Nous estimons entre deux à trois millions le nombre d’alumni actifs dans nos 222 grandes écoles françaises", évalue Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des grandes écoles. "Imaginez l’effet de masse que cela représente ! Ils constituent une diversité de compétences dans des domaines variés comme la santé, la défense, le management, le journalisme… Créer cette communauté au sein de la communauté des alumni permettra de sortir des silos", estime-t-elle.
Le collectif a déjà lancé une plateforme qui permet à tous les anciens diplômés engagés d’avoir accès à des outils ou des bonnes pratiques pour mobiliser leur entreprise, leur ville, changer leur quotidien… Alumni for the planet travaille également avec des experts pour se former aux enjeux environnementaux et compte se développer à l’international où des initiatives similaires ont déjà vu le jour. Puisque chaque acteur de la société doit se mobiliser, quelques entreprises ont aussi rejoint le mouvement. C’est notamment le cas de la Maif. "L’entreprise est un levier d’action absolument majeur", avance Pascale Demurger, directeur général de l’assureur. "Je crois qu’il est possible de créer de nouveaux modèles d’entreprises dans lesquels on peut conjuguer engagement et performance", explique-t-il.
La revanche d'une génération
Reste que, jusqu’ici, les alumni étaient plutôt pointés du doigt pour leur manque d’intérêt sur le sujet. Pierre-André de Chalendar, PDG du groupe Saint Gobain en a fait les frais. Très engagé sur les questions climatiques, il raconte : "Il ne suffit pas que le patron soit impliqué pour que ça marche. J’ai été rejoint par beaucoup de jeunes engagés mais le principal verrou, c’était les cadres intermédiaires, les alumni", explique-t-il. Alumni for the planet pourrait ainsi permettre de sortir de cette logique de conflit intergénérationnel.
"On nous a souvent dit que c’était très bien que les jeunes soient engagés pour transformer les écoles de l’intérieur mais c’est aujourd’hui qu’il faut agir. Ce sont aux générations qui ont les commandes d’agir", demande Benoit Halgand, membre du collectif Pour un réveil écologique. Il se réjouit d’avoir à ses côtés un nouvel allié dans cette bataille pour le changement.
Marina Fabre, @fabre_marina