Publié le 21 janvier 2019
POLITIQUE
Les Objectifs de développement durable (ODD) : un nouveau "contrat social" pour la France
D’ici septembre, la France doit se doter d’une feuille de route sur les objectifs de développement durable (ODD), adoptés en 2015 par l’ONU. Celle-ci doit remplacer la stratégie développement durable et fixer un cap environnemental, social et sociétal à l’action des acteurs publics et économiques d’ici 2030. Une première version a été présentée mi-janvier.

@comite21
Adoptés il y a trois ans par l’ONU, les Objectifs de développement durable (ODD) deviennent une grille de lecture et de décision pour un nombre croissant d’acteurs publics et économiques. Les États sont en première ligne. Ils sont censés donner un cap aux différents acteurs nationaux à horizon 2030 pour leur stratégie de développement économique, social et environnemental. C’est tout l’objectif de la feuille de route française sur les ODD qui est en cours d’élaboration depuis quelques mois. Elle doit être présentée en septembre prochain par le Président de la République, à l’Assemblée générale de l’ONU.
Si la France ne fait pas partie des premiers pays à se livrer à l’exercice, elle se veut exemplaire sur le fond comme sur la forme. Pour cela, la feuille de route est élaborée selon un processus collaboratif et évolutif, impliquant quelque 300 participants (entreprises, investisseurs, collectivités locales, ONG, académiques, etc.), réunis en 26 groupes de travail.
Un nouveau contrat social pour une transition écologique juste
"Il s’agit d’un travail totalement inédit pour établir, plus encore que la stratégie de développement durable qu’elle remplacera, un nouveau contrat social pour une transition écologique juste". Dans un contexte de crise sociale, "c’est un appel à une société de concorde nationale", assure Laurence Monnoyer-Smith, Commissaire générale et déléguée interministérielle au développement durable.
Le fruit des premiers mois de travail a été présenté au comité de pilotage de haut niveau le vendredi 11 janvier. La première ébauche du texte, de 140 pages, va être amendée au cours des prochains mois par les travaux des différents groupes, "mais aussi alimentée par les conclusions du grand débat national, qui traite d’enjeux croisés avec les ODD comme la transition écologique et la question des inégalités", assure la commissaire.
Elle pourra aussi servir à guider l'action du gouvernement dans les événements internationaux comme le G7 dont la France assure cette année la présidence, ou lors de la révision sur la loi sur le développement. À la manière de l’Accord de Paris sur le climat, elle sera aussi évolutive avec un rehaussement des ambitions, en plusieurs temps.
Concernant les priorités d’actions, "nous allons travailler sur les 17 ODD mais certains vont être centraux comme celui sur la réduction des inégalités, le bien-être et la santé, la lutte contre le changement climatique, contre la pauvreté, la promotion de l’égalité entre les sexes ou encore l’éducation, sans oublier les partenariats publics-privés", précise Laurence Monnoyer-Smith. Chaque ODD sera doté de trois à quatre indicateurs clés pour suivre son évolution.
Une forte attente des acteurs économiques
Les acteurs économiques sont en attente du cap fixé par la feuille de route. "Il y a une très forte volonté des grands groupes mais aussi de plus en plus de PME de mieux comprendre les ODD et de se les approprier. Pour les entreprises, notamment les plus grandes, la feuille de route doit leur permettre de savoir quels sont les objectifs prioritaires, comment ils seront mesurés, comment elles peuvent y contribuer et comment elles pourront valoriser leur action. Il reste encore beaucoup de travail pour y arriver", souligne Fella Imalhayenne, directrice générale du Global Compact France, l’organisme onusien destiné aux entreprises.
De plus en plus d’investisseurs, via l’investissement responsable ou la finance à impact, s’intéressent également à la grille des ODD, mais ils sont encore peu à participer au processus d’élaboration de la feuille de route, contrairement aux entreprises, plus mobilisées. À tort, selon la commissaire au développement durable : "les acteurs de la finance doivent s’emparer des ODD pour guider leurs investissements, insiste-t-elle. Mon souhait est d’ailleurs d’adopter cette grille de lecture pour nos labels de finance durable existants - comme le label TEEC ou ISR (1) - ou à venir."
Certains acteurs publics n’ont, eux, pas attendu pour revoir leur stratégie et leur budget à l’aune des ODD. C’est le cas de l’AFD, l’agence française de développement ou de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Pour montrer la voie, la prochaine circulaire administration exemplaire a également été rédigée avec le prisme ODD. Et une loi cadre sur les ODD est prévue par la feuille de toute pour servir de grille de lecture de tous les textes législatifs à venir.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) Novethic est auditeur du label Transition Ecologique et Energétique pour le Climat (TEEC)