Publié le 12 juillet 2018
ENTREPRISES RESPONSABLES
Le secteur privé français met enfin le cap sur les ODD
Après un démarrage un peu lent en France, les Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés en 2015 par l’ONU commencent à se diffuser dans les entreprises et chez les acteurs financiers. C’est ce que permet de souligner le rapport sur "l’appropriation des ODD par les acteurs non-étatiques français" du Comité 21. Il est présenté au Forum de haut niveau pour le développement durable organisé du 9 au 18 juillet au siège de l'ONU à New York.

capture d'écran green tv
Les entreprises et acteurs financiers français commencent à s’approprier les objectifs de développement durable (ODD). Et ce n’est pas du luxe. "Le secteur privé marchand représente un acteur majeur dans la réussite de l’Agenda 2030", assure ainsi le Comité 21 dans la deuxième édition de son rapport sur l’appropriation des ODD par les acteurs non-étatiques français.
Selon une étude réalisée par le cabinet B&L évolution, plus d’un tiers des entreprises du SBF 120 s’engagent désormais, de façon plus ou moins forte, sur le sujet. "On peut voir cela comme un verre à moitié plein ou à moitié vide, mais l’important, c’est qu’il se remplit !", souligne Sylvain Boucherand, son président.
Toutes les entreprises sont concernées
Toutes les entreprises sont appelées à contribuer, quelle que soit leur taille ou leur secteur, rappelle-t-il. "Elles peuvent le faire à trois niveaux : dans leur fonctionnement interne (RSE, management), dans leur cœur de métier (services & produits) et dans leur chaîne de valeur (dialogue avec leurs parties prenantes)", ajoute-t-il.
Pour l’instant, les entreprises françaises, dans leur majorité, en sont aux premières étapes de l’appropriation, c’est-à-dire en liant les ODD à leurs activités. Par exemple, Veolia va relier son activité à l’ODD 6 qui concerne la garantie du accès de l’eau à tous et à l’assainissement. Pu alors, elles les mentionnent dans leur reporting RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).
12 000 milliards de dollars d'opportunités
"À ce jour et contrairement à beaucoup d’autres pays, les ODD sont très peu perçus par les acteurs privés français comme une source d’opportunité, par exemple en termes de création de nouveaux produits et service", déplore Fellah Imalahyenne, directrice du Global Compact France. Selon un rapport de la Business and Sustainable Developement Commission (BSDC), les opportunités économiques liées aux ODD se chiffrent pourtant à 12 000 milliards de dollars dans le monde.
Autre bémol : les PME restent encore peu au fait de cet agenda 2030 et de la façon dont elles pourraient intégrer les ODD. "Il faut mobiliser les corps intermédiaires qui sont des relais d’influence comme les branches professionnelles, les fédérations ou les syndicats", propose ainsi Donatienne Hissard, directrice adjointe du développement durable au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
S'appuyer sur le monde de la finance
"Quelques ODD sont bien intégrés par le monde syndical, comme ceux sur le travail décent, la production durable et l’égalité entre les sexes. Mais de manière générale, les ODD restent trop théoriques, pas assez concrets, notamment pour les syndicalistes de terrain au niveau local", assure François Moreux, délégué national confédéral au développement durable et à la RSE du syndicat CFE-CGC. Pour les sensibiliser, la CFE-CGC a ainsi formé son réseau de 50 référents RSE aux ODD et un guide va être publié pour les salariés, précise le syndicaliste.
Autre acteur qui pourrait permettre de mobiliser davantage les acteurs économiques : le monde financier. Selon Fellah Imalahyenne, "de plus en plus d’acteurs financiers comme le fournisseur d’indices MSCI se tournent vers le Global Compact pour voir comment nous pourrions les aider à mieux prendre en compte les ODD. Tout simplement parce qu’eux-mêmes sont soumis à une forte demande de la part d’investisseurs souhaitant investir dans des entreprises contribuant aux ODD".
Béatrice Héraud @beatriceheraud