Publié le 27 septembre 2021
POLITIQUE
Élections en Allemagne : ces défis que devra relever la nouvelle coalition pour réussir la transition écologique
Dimanche 26 septembre, les 60 millions d'électeurs allemands étaient appelés à désigner le successeur d'Angela Merkel. Si les sociaux-démocrates du SPD semblent l'emporter d'une courte tête, ils sont au coude à coude avec les conservateurs de la CDU-CSU, faisant perdurer le mystère sur l'identité du futur chancelier. Ce dernier, qui devra former une coalition, aura la lourde tâche de transformer la première puissance économique de l'Union européenne. Automobile, agrochimie, charbon, finance... les défis écologiques sont nombreux.

ALEXEY VITVITSKY / SPUTNIK / SPUTNIK VIA AFP
25,7 % pour le candidat du SPD, Olaf Scholz, 24,1 % pour Armin Laschet de la CDU-CSU. Voici les résultats officiels provisoires publiés tôt le lundi 27 septembre. Si le social-démocrate se dit "prêt à devenir le nouveau chancelier", il va devoir former une nouvelle coalition, prenant en compte le poids significatif des Verts qui ont récolté 14,8 % des voix. Ces derniers ne manqueront pas de faire pression sur le nouveau chancelier pour accélérer la transition écologique de l'Allemagne alors que le pays est aujourd'hui le premier émetteur de CO2 en Europe.
Accélérer la transition de l’industrie automobile
Il s’agit de l’un des principaux fleurons de l’industrie allemande. La puissante industrie automobile a commencé à transformer son modèle, en décidant de renier le moteur thermique et de passer à l’électrique. Volkswagen, qui doit retrouver une image positive post-scandale du Dieselgate, est sans doute le plus actif sur ce terrain. Début 2020, il a annoncé un investissement en recherche et développement de 73 milliards d’euros pour transformer son modèle, dont la moitié sera consacrée au véhicule électrique. Les constructeurs prennent donc le virage de la transformation de leurs motorisations. Reste un domaine sur lequel peu d’entre eux se sont encore penché, qui est celui de vendre de la mobilité durable, plutôt que des véhicules de masse.
Nucléaire, charbon, gaz : le triple défi de la transition énergétique
L’Allemagne vise la neutralité carbone en 2045. Mais le chemin est semé d’embûches. Le premier émetteur de CO2 en Europe a un mix électrique composé à 48 % composé de charbon et de gaz. Et les émissions vont croître. Les dernières centrales nucléaires fermeront fin 2022 tandis que la fin du charbon attendra 2038 et que le gazoduc Nord Stream 2, désormais achevé, double la capacité du pays à importer du gaz russe. Pour l’industrie allemande, la solution passe par l’hydrogène vert produit à partir de l’électricité renouvelable (environ 30 % du mix). Cela permettra de stocker l’électricité produite à partir du photovoltaïque et solaire, soumise à l’intermittence. Mais cela coûte cher, or le prix du KWh est déjà presque deux fois plus élevé en Allemagne qu’en France.
La transition agricole malgré Bayer
"La mort des insectes doit être stoppée dans l’intérêt de tous". Juste avant l’été, le Bundestag a adopté une loi limitant l’usage des pesticides autour des cours d’eau et dans les zones protégées. Surtout, il a acté la sortie du glyphosate pour 2023 dans le pays. Une avancée majeure alors que le géant allemand Bayer, qui a racheté Monsanto en 2016, pèse de tout son poids économique dans les débats. Reste à savoir si la nouvelle coalition se montrera aussi ferme quand l’Union européenne va discuter de la réautorisation du glyphosate dans la zone. On se rappelle qu’en 2017, la chancelière allemande Angela Merkel avait préféré soutenir les intérêts des géants agrochimiques alors que la perspective d’une coalition avec les Verts avait avorté.
Mobiliser la finance sur la transition écologique
Pour respecter son objectif de neutralité carbone, l’Allemagne doit changer ses modes de transports, supprimer le charbon et les chauffages au fuel, rénover les bâtiments et transformer son industrie chimique et automobile. Les besoins d’investissement minimum sont estimés à 80 milliards d’euros par an. La taxe carbone existante en rapporte au mieux 40. L’Allemagne a bien une stratégie de finance durable pour mobiliser les acteurs privés mais elle a été lancée en mai 2021, et les chiffres des fonds durables restent modestes : 107 milliards y ont été investis en 2020 contre 683 en France. La future coalition va devoir mettre les bouchées double pour réorienter les flux financiers de la première puissance économique allemande.
La rédaction