On le sait, l’intelligence artificielle et la robotisation vont détruire de nombreux emplois dans le monde. Selon une étude de McKinsey, entre 40 et 55 % des emplois pourraient être automatisés dans les 46 premières économies mondiales. Les emplois manuels, sur les chaînes de production par exemple, sont très menacés. Cependant, ces dernières années, parmi les secteurs les plus affectés, on trouve la banque et la finance.
En la matière, la banque allemande Commerzbank a décidé de prendre une longueur d’avance. Celle-ci teste actuellement une intelligence artificielle pour écrire des "notes basiques d’analyse financière", révèle le Financial Times. Pour cela, le groupe mise sur la startup berlinoise Retresco, un spécialiste de la fourniture automatisée de contenus.
Cette entreprise s’est fait connaître grâce à son robot capable d’écrire des articles d’actualités sur les résultats sportifs. Et c’est bien connu : du football à la finance, il n’y a qu’un pas ! Car c’est bien le même logiciel qui est adapté aux besoins de la banque. Cette dernière avait repéré Restresco il y a déjà deux ans, en investissant dans la société à travers un incubateur de Fintechs.
75 % du travail d’un humain
Dans le Financial Times, le directeur R&D de Commerzbank, Michael Spitz, assure que la faisabilité de rapports écrits par des robots est à portée de main. "Les rapports d’analyse financière sur les résultats trimestriels sont tous structurés de la même manière" et "les documents sources sont souvent préparés à partir des mêmes standards", décrit-il. Une uniformité qui facilite le travail des algorithmes informatiques.
Dans ce contexte, le responsable de la banque juge que l’intelligence artificielle est déjà suffisamment avancée pour fournir environ 75 % du travail d’un analyste humain pour l’écriture d’un "rapport immédiat sur les publications trimestrielles (d’une entreprise)". En revanche, des analyses plus abstraites ne peuvent pas encore se passer de l’Homme, assure-t-il.
Chasse aux coûts
Cette recherche est motivée par le déploiement de la directive européenne MidFid II (Markets in Financial Instruments Directive). Depuis janvier 2018, elle impose que les frais d’exécution d’ordres et les frais de recherches soient séparés. Auparavant, l’analyse financière était incluse dans une prestation globale. Désormais, elle devient payante. Mais les acteurs financiers se sont alignés sur le principe de ne pas en faire peser le coût à leurs clients.
En conséquence, les gestionnaires d’actifs et les courtiers se lancent dans une course pour diminuer la charge de cette activité de recherche. Depuis le début de l’année, elle a déjà baissé de 30 % en moyenne, assure le quotidien britannique. Avec le déploiement de l’intelligence artificielle, Commerzbank pense pouvoir aller beaucoup plus loin, mais l’expérimentation prendra encore quelques années.
Ludovic Dupin @LudovicDupin
Publié le 28 juin 2018
Commerzbank veut déployer une intelligence artificielle pour remplacer ses analystes financiers. Elle pourrait efficacement et à moindre coût rédiger des notes d’analyse sur les résultats trimestriels financiers d’entreprises. Pour cela, la banque allemande a choisi d’adapter un logiciel aujourd’hui utilisé pour générer automatiquement des rapports sur des rencontres sportives.
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