Plus de 5 millions de collégiens et lycéens étaient appelés à se connecter ce matin aux logiciels de cours à distance pour faire des exercices ou recevoir des cours préparés par leurs professeurs. C’était le programme
annoncé quelques jours avant par le Président de la République qui a fermé les écoles et changé les dates de vacances. Les conséquences en cascade du bouleversement de l’emploi du temps scolaire ont eu un impact immédiat sur les serveurs des deux principaux logiciels, Pronote pour les collégiens et l’ENT pour les lycéens. Un malheur n’arrivant jamais seul, le CNED qui héberge la plupart des cours en visio a été victime d’une cyberattaque révélée par le Ministre de l’éducation lui-même.
Résultat : colère généralisée des professeurs et des parents qui soulignent sur les réseaux sociaux que les problèmes sont les mêmes que pour le premier confinement, il y a un an. Ils s’interrogent et se demandent comment la fréquentation massive de ces sites, en même temps, n’a pas été informatiquement anticipée puisque le scénario s’était déjà produit.
Côté élèves, c’est le coup de sifflet de la récré anticipé et le décrochage commence déjà. Les difficultés d’accès au CNED sont, en revanche, dues à une cyberattaque qui provoque les mêmes déchaînements, plus ou moins hilares sur les réseaux sociaux. Ce matin triste pour l’éducation numérique française montre à quel point la transition vers des modèles résilients où le digital a une place cruciale, doit être accélérée. L’identification de ses besoins est à l’origine de la prise de participation majoritaire par DocaPoste, filiale de la Poste et la Banque des Territoires, groupe Caisse des dépôts, au capital d’Index Education, l’entreprise créatrice de Pronote pour "contribuer à son développement et assoir sa souveraineté numérique".
Investir dans l’Edtech
Les cyberattaques sont de leur côté des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) annoncé dans les modèles d’analyse de finance durable depuis plusieurs années comme des
signaux faibles non quantifiés à leur juste mesure par les entreprises qui n’investissent pas assez dans leur prévention et la cybersécurité. Fin 2020, les pertes liées au phénomène étaient estimées à 1 % du PIB mondial. Avec le CNED, cheval de Troie introduit dans les foyers français via les cours en visio, ce sont à nouveau données personnelles et failles de sécurité qui sont sur la sellette.
Dans son contrat d’objectifs et de performances 2019-2022 signé avec l’État, le CNED devait à la fois tenir
l’objectif de devenir une "académie numérique" tout en
"simplifiant son Système d’Information pour acquérir de la réactivité et de la flexibilité, en visant à optimiser les ressources nécessaires". Or, pour relever tous ces défis, il faut massivement investir dans l’ EdTech non seulement pour ne pas faire définitivement décrocher les élèves malmenés par la crise mais aussi parce que cela permettrait d’espérer atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) dont l’éducation est un pilier.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic