Publié le 31 août 2020
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
[Vidéo] Fusillade à Kenosha : le patron de Facebook reconnait une erreur
Alors que Facebook est pris pour cible par des centaines d'entreprises boycottant le réseau social pour sa trop faible modération des contenus haineux, la mort de deux militants antiracistes à Kenosha aux États-Unis remet de l'huile sur le feu. Une page créée par une milice, et signalée par les internautes, appelait en effet à prendre les armes contre ces militants. Mis sous pression par ses employés, Mark Zuckerberg, le fondateur du réseau social, a fait son mea culpa dans une vidéo et évoque une "erreur opérationnelle".

La colère ne retombe pas. Depuis le 24 août, date à laquelle un policier blanc a tiré sept fois à bout portant dans le dos d’un homme noir à Kenosha dans le Wisconsin, les manifestations et les violences se poursuivent. Le 26 août, deux manifestants anti-racistes, liés au mouvement Black Lives Matter, sont morts, tués par balle, et une autre personne a été blessée. Or, selon Buzzfeed, qui a eu accès à un rapport interne de Facebook, une page intitulée Kenosha Guard avait été créée sur le réseau social et appelait à prendre les armes contre les manifestants antiracistes.
Cette page, qui n’a été supprimée que le soir de la mort des manifestants, avait pourtant été signalée des centaines de fois sur le réseau social. Interrogé par ses employés, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a reconnu dans une vidéo publiée le 29 août une "erreur opérationnelle".
"C'est parce que l'équipe qui applique notre politique contre les organisations dangereuses est une équipe spécialisée", a-t-il expliqué. "Les sous-traitants et les examinateurs vers lesquels les plaintes initiales ont été acheminées n'ont fondamentalement pas relevé cela, et lors du deuxième examen, le faisant avec plus de sensibilité, l'équipe responsable des organisations dangereuses a reconnu que la page enfreignait notre politique", a-t-il souligné.
Des centaines d'entreprises boycottent Facebook
Si Mark Zuckerberg a souligné qu’il n’existait aucune preuve que le "tireur suivait la page Kenosha Guard ou était lié à l’événement", il a reconnu que "cette page et cet événement violaient notre nouvelle politique en place depuis deux semaines, qui visait QAnon (un mouvement conspirationniste pro Trump, NDR) et les milices dont nous redoutions qu'ils tentent d'organiser des violences". Depuis quelques semaines en effet, Facebook, sous la pression des internautes et des politiques, a décidé de changer sa politique de modération.
Mark Zuckerberg, au nom de la liberté d’expression, modérait jusqu’ici au minimum les contenus haineux, les fake news, les appels à la violence… Mais après la mort de George Floyd et l’explosion du mouvement Black Lives Matter, le réseau social a été sommé de modérer davantage les messages haineux et racistes. Il a même été la cible d’un mouvement d’ampleur d’entreprises, d’Unilever à Coca-Cola en passant par Patagonia ou Ben & Jerry’s, boycottant leurs publicités sur la plateforme. Ce mouvement baptisé #StopHateForProfit, un appel à arrêter de faire des profits sur le dos de la haine, a commencé à faire plier Facebook, touché au portefeuille.
Marina Fabre, @fabre_marina