Publié le 09 mars 2021
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Projet pétrolier en Ouganda : Total promet des mesures environnementales
Total a annoncé le 8 mars des mesures pour tenter de réduire l'impact environnemental de ses activités en Ouganda et Tanzanie. Le groupe pétrolier promet "la transparence" en publiant les audits réalisés sur le projet Tilenga qui prévoit le forage de 400 puits de pétrole dans une partie d’un parc national ougandais et la construction d’un oléoduc géant.

@ANDREYGUDKOV
La transparence va-t-elle permettre à Total d’avancer sur le méga projet Tilenga en Ouganda ? C’est en tous cas ce qu’espère le groupe pétrolier qui annonce la publication de "l’ensemble des études, revues indépendantes par des tiers et plans d’actions sociétaux et environnementaux" et de nouvelles mesures environnementales. Le projet de 400 puits de pétrole situé dans un parc national ougandais et d’un oléoduc de 1 500 kilomètres ("East African Crude Oil Pipeline", EACOP) entre l’Ouganda et la Tanzanie fait face à une forte opposition des ONG depuis maintenant plusieurs années. Celles-ci l’ont même assigné en justice pour manquement à ses obligations de vigilance concernant l’environnement et les droits humains.
Dans un communiqué, le groupe pétrolier français explique avoir limité l'emprise au sol du projet. "Alors que les permis couvrent près de 10% du parc, le développement sera restreint à moins de 1%". La surface occupée par les installations temporaires et permanentes sera "minimisée", avec une emprise au sol inférieure à 0,05% du parc. Le groupe promet aussi "des plans d'action définis avec les autorités locales" en faveur de la biodiversité : augmentation de 50% du nombre de rangers des Murchison Falls, soutien à la réintroduction du rhinocéros noir en Ouganda... Et Total ajoute être "en contact étroit" avec des experts de l'Union pour la conservation de la nature (UICN) afin de "protéger les chimpanzés et leurs habitats forestiers".
Redorer son image pour trouver des financements
Des mesures qui ne semblent pas convaincre les ONG. Le parc des Murchison Falls, où est situé le projet Tilenga est considéré comme un "joyau" du continent africain. Plus de 50% des espèces d'oiseaux et 39% des espèces de mammifères d'Afrique sont représentées dans ce bassin du lac Albert, rappellent-elles. Et le projet affecte déjà des dizaines de milliers de personnes qui vivent de ces terres.
"Total essaie de redorer son image sur ce projet au moment où le groupe cherche des fonds pour financer" l'oléoduc, commente Juliette Renaud, chargée de campagne au sein des Amis de la Terre. Après la phase d'exploration, Total, associé avec la compagnie chinoise China National Offshore Oil Corporation (Cnooc), est en effet en attente de la décision finale d'investissement pour passer à l'exploitation. Le 1er mars, plus de 250 ONG locales et internationales avaient adressé un courrier aux grandes banques privées, les appelant à ne pas financer "le plus long oléoduc de pétrole brut chauffé au monde", aux "risques largement documentés" pour les personnes, l'eau, la nature et le climat.
"Nous reconnaissons que les projets Tilenga et EACOP présentent des enjeux importants sur le plan sociétal et environnemental, que nous prenons en considération avec responsabilité", a déclaré lundi le PDG Patrick Pouyanné. Selon Total, le projet nécessite notamment d'acquérir 6 400 hectares, concernant plus de 18 000 "parties prenantes", propriétaires ou exploitants de parcelles, et abritant 723 foyers à qui il sera proposé de choisir entre un logement neuf et une indemnisation.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud avec AFP