Le rapport du syndicat ajoute : “Son modèle commercial et ses rapports annuels se concentrent sur les acquisitions et les actifs immobiliers plutôt que sur la fourniture de services de soins. Il consiste à acquérir des terrains de valeur, les conserver alors que les prix grimpent, puis les revendre afin d’encaisser des liquidités, en relouant les maisons de soins si elles sont suffisamment rentables.”
Droits syndicaux
La chute d’Orpea a permis de découvrir non seulement que les personnes âgées y sont maltraitées mais aussi que le groupe ne respecte pas plus les droits syndicaux du personnel. Or les conditions de vie des premières sont liées aux mauvaises conditions de travail du second. Le fait que cela soit suffisamment connu pour que plusieurs affaires aient été portées devant les tribunaux, jette une lumière crue sur les notations RSE d’ORPEA. Ces évaluations sur des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) sont faites par des acteurs spécialisés qui croisent les réponses des entreprises à leurs questionnaires ad hoc avec leur analyse des données publiques de l’organisation. En complément, ils peuvent aussi contacter directement l’entreprise.
Orpea avait visiblement adopté une stratégie visant à cocher au mieux les différentes cases de ce processus. Elle faisait mention, dans son dernier rapport RSE, d’une belle progression de sa notation. Pour Sustainalytics, elle était en 5e position de son secteur qui compte 113 entreprises et avait progressé de 14 places. Pour Vigéo Eiris, aujourd’hui détenue par l’agence de notation financière Moody’s, elle était en 6ème position d’une liste qui compte 47 entreprises et avait progressé de huit points !
Éviter le “RSE washing”
Pour l’UNI, “les investisseurs doivent considérer le secteur comme une priorité d’action urgente dans le cadre de la pandémie de Covid-19, mais ils doivent aussi chercher à remédier aux problèmes à long terme du secteur liés à la qualité des soins aux résidents, aux conditions de travail et à la viabilité financière. La vie des résidents ainsi que des employés est en jeu, mais le secteur recense aussi toute une série de préoccupations liées aux droits de l’homme en rapport avec la santé et la sécurité, les salaires de subsistance, la liberté syndicale et les négociations collectives.”
Pour éviter le “RSE washing” lié aux stratégies de certaines entreprises qui utilisent ces bonnes notes pour mieux dissimuler leur face cachée, il faudrait faire évoluer le modèle de notation vers une évaluation vérifiée des pratiques et des allégations dans le domaine environnemental et social. La crédibilité de la démarche est à ce prix.