Publié le 20 août 2020
ENVIRONNEMENT
Une voiture, un mégot, un pull, un téléphone portable, une éolienne : ça se recycle ?
Le recyclage est clé pour engager notre société dans un vrai modèle de développement durable. Mais toutes les filières sont loin d'être au même point. Novethic profite de la pause estivale pour revenir sur ces objets de notre quotidien, dont on ne sait pas bien où ils finissent quand ils arrivent en fin de vie. Focus sur le recyclage des voitures, des téléphones portables, des mégots, des pulls et des éoliennes.

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Les voitures : le défi de l’électrique
Chaque année en France, 1,5 million de voitures sont déclarées hors d’usage. Elles doivent alors être recyclées au risque de polluer les eaux et les sols car elles contiennent de nombreux matériaux toxiques (huile de vidange, explosifs dans les airbags, batterie, fluide de climatisation…). Selon l’Ademe, 77,4 % du poids du véhicule est aujourd’hui recyclé, 9,5 % est réutilisé en pièces détachées, 7,3 % est valorisé énergétiquement et 5,8 % est mis en décharge. À l’avenir, l’enjeu sera de développer une filière pour le recyclage des batteries électriques. 700 000 tonnes seront à recycler d’ici 2035. En attendant, certains constructeurs utilisent les batteries électriques en fin de vie comme bornes de recharge, à l'instar de Renault.
Les mégots : préférez le recyclage au cendrier
Souvent jeté au sol, un seul mégot peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau en raison des milliers de substances nocives qu’il contient. C’est pourquoi la start-up bretonne Mégo a mis en place un procédé pour les recycler. Le papier, la cendre et le tabac sont transformés en compost. Les filtres sont dépollués, et le plastique récupéré sert à fabriquer du mobilier urbain. Une autre solution consiste à utiliser le mégot, une fois dépollué, comme combustible dans les cimenteries. Deux pratiques à privilégier, car même jeté dans un cendrier, le mégot va se retrouver incinéré ou enfoui sans avoir été débarrassé au préalable de ses substances toxiques.
Les téléphones portables : une mine sous exploitée
En théorie, près de 80 % d’un téléphone portable se recycle. Oui, mais que deviennent nos smartphones dans la réalité ? Une partie est bien recyclée via les éco-organismes spécialisés, une autre est reconditionnée (10 % du marché en France, en forte croissance) mais la plupart - entre 54 et 110 millions de terminaux - restent dormir dans nos tiroirs. Dommage car notre téléphone est une mine ! Il contient des métaux de base (cuivre, …), précieux (or, argent…), rares (lithium, cobalt) et des minerais (cadmium, plomb, mercure…). Mais le recyclage des portables n’est pas si simple : il faut d’abord retirer manuellement les composants polluants (batteries, processeurs, mémoire…) puis le trier du plastique et broyer le reste.
Mon vieux pull transformé en chiffon ou en isolant
Si de plus en plus de marques de mode tentent de redonner une seconde vie à nos vieux vêtements - 1083 a ainsi réussi à concevoir des pulls 100 % recyclés à partir d’anciens pulls de pompiers - une faible partie des vêtements envoyés au recyclage sont réellement transformés en nouvelles pièces. Sur les 624 000 tonnes de textile mises sur le marché, 239 000 tonnes sont collectées chaque année. 59 % sont réemployées et vendues dans des friperies. 33 % sont recyclées en chiffons ou effilochées pour fabriquer des isolants, et 8 % sont valorisées énergétiquement. La difficulté tient dans le mélange des matières qui composent nos vêtements : fibres artificielles, plastique, métaux... Privilégiez dès lors les matières naturelles qui seront plus faciles à recycler.
Les éoliennes : tout reste à construire
En France, on estime à 1 500 le nombre de turbines à démonter dans les cinq ans à venir et la filière peine à se mettre en place. Une éolienne est constituée à 90 % d'acier et de béton, deux matières facilement recyclables. Le problème réside dans les 10 % restants qui proviennent des pales, constituées de matières composites, difficiles à recycler mais aussi à transporter vu leur taille. De grandes scies à pales d’éoliennes ont été inventées pour les découper en morceaux. Les broyats peuvent être valorisés en combustible dans les cimenteries mais finissent le plus souvent enfouis. À Rotterdam, aux Pays-Bas, des architectes ont eu l'idée de transformer d’anciennes pâles en aire de jeux.
Concepcion Alvarez @conce1 et Béatrice Héraud @beatriceheraud