Publié le 18 août 2020
ENVIRONNEMENT
[Les monstres des abysses] Quand les déchets plastiques tapissent les fonds marins
Même l'endroit le plus profond de la Terre, la fosse des Mariannes, située dans les profondeurs extrêmes de l'océan Pacifique, est polluée par les humains. Des études montrent en effet la présence de sacs plastiques, côtoyant des créatures marines dignes des contes et légendes de notre enfance. Toute la semaine, Novethic sillonne les abysses à la recherche de ces monstres marins créés par les humains.

@Jamstec
Le plastique est un monstre au poids considérable. Chaque année, ce sont 10 millions de tonnes qui sont déversées dans les océans. Si, partout à travers le monde, les autorités prennent des mesures, plus ou moins concluantes, pour réduire l’utilisation du plastique, l’industrie pétrochimique prévoit une augmentation de sa production de 40 % d’ici 2030.
En août 2018, le Japon Agency for Marine-Earth Science and Technology (Jamstec), une agence nippone sur le vivant, a retrouvé dans les profondeurs de la fosse des Mariannes plusieurs sacs plastiques. Ce gouffre, le plus profond de la planète, atteint 11 000 mètres. "La pollution plastique est en train de devenir l’une des menaces les plus sérieuses pour les écosystèmes océaniques", alertaient alors le Jamstec et le Global Oceanic Data Center (Godac) dans une étude.
L'océan est "traité comme une gigantesque poubelle"
Et l’explorateur américain Victor Vescovo partage ce constat. En mai 2019, cet ancien homme d’affaires réalise la plongée la plus profonde de l’histoire. Il descend, avec son sous-marin, à 10 927 mètres de profondeur, au fond de la fosse des Mariannes. Il filme alors, pendant des heures, des créatures magnifiques et… des déchets comme des sacs plastiques et des emballages de bonbons. "Ça a été de toute évident désespérant de constater une contamination humaine au point plus profond des océans", commente-t-il dans une vidéo qui a créé le buzz sur les réseaux sociaux, fustigeant que l’océan soit "traité comme une gigantesque poubelle".
Les créatures marines pâtissent de ces déchets. Dans les profondeurs extrêmes de l’océan pacifique, des chercheurs de l’université de Newcastle ont découvert dans les estomacs des animaux aquatiques des microparticules de plastiques. 50 % des animaux prélevés dans la fosse des Nouvelles-Hébrides (-7 000 mètres) contenaient des fibres artificielles et du plastique dans leur estomac. Ce taux atteignait même 100 % dans la fosse des Mariannes.
"Les organismes vivants dans les profondeurs de la mer sont tributaires de la nourriture qui s'infiltre de la surface", explique le Dr Jamieson. Or, selon l'étude, publiée en 2017, plus de 300 millions de tonnes de plastiques jonchent les océans et plus de 250 000 tonnes flottent à la surface. "Plus aucune zone, même la plus reculée, ne semble épargnée par la pollution du plastique", souligne le Dr Jamieson qui a dirigé l’étude.
Marina Fabre, @fabre_marina