Publié le 25 août 2020
ENVIRONNEMENT
Contre toute attente, la population mondiale pourrait finalement décliner dans la seconde moitié du siècle
Une étude publiée cet été dans The Lancet annonce que la population mondiale devrait finalement décroître à compter de 2064 pour atteindre près de 9 milliards d'habitants en 2100. C'est deux milliards de moins que l'hypothèse centrale de l'ONU. Les pays européens et asiatiques seront les plus touchés, tandis que l'Afrique subsaharienne pourrait voir sa population tripler.

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À rebours des prévisions de l’ONU, une étude, publiée le 15 juillet dans la revue américaine The Lancet, prévoit une baisse de la démographie mondiale à partir de 2064. Après un pic à 9,7 milliards, le nombre d’habitants devrait décliner pour retomber à 8,8 milliards en 2100. Les estimations onusiennes prévoient dans leur hypothèse centrale que nous pourrons compter jusqu’à 11 milliards d’êtres humains sur Terre d’ici la fin du siècle, soit deux milliards de plus.
Ce déclin de la population serait lié au vieillissement de la population et à la baisse de la fécondité grâce à un meilleur accès à la contraception et à l’éducation. Ainsi, 94 % des 196 pays étudiés n’atteindraient pas le seuil de renouvellement de la population, de 2,1 enfants par couple, et permettant de maintenir la population sans apport migratoire. Le taux de fécondité passerait à 1,66 enfant par femme en 2100 contre 2,37 aujourd’hui, selon l’étude.
La population chinoise deux fois moins nombreuse en 2100
23 pays verraient leur population diminuer de moitié en Europe ou en Asie, tels que le Portugal, l’Espagne, l’Italie, le Japon, la Thaïlande, la Corée du Sud ou encore la Chine. Cette-dernière pourrait perdre près de la moitié de ses habitants (1,4 milliard aujourd’hui, 730 millions en 2100). La France ou encore le Royaume-Uni devraient voir leur population stagner tandis que les États-Unis, appelés à perdre prochainement leur place de première économie mondiale, pourraient repasser devant la Chine d’ici la fin du siècle, si l’immigration continue à pallier la fécondité en baisse, selon l’étude.
En Afrique subsaharienne, la population devrait tripler, tirée notamment par le Nigeria, qui deviendrait en 2100 le deuxième pays le plus peuplé au monde derrière l'Inde, mais devant la Chine. Deux autres régions verraient leur population augmenter par rapport à 2017 : l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient (600 millions). En Afrique, le nombre d’enfants par femme devrait ainsi passer de 4,3 en 2020 à 2,1 en 2100 contre. Dans son scénario, l’ONU anticipe aussi une baisse importante de la fécondité en Afrique, mais moins rapide.
Une bonne nouvelle pour l'environnement ?
Même si ces projections ne sont pas "gravées dans le marbre" tempère-t-il, et que des changements de politiques pourraient modifier les trajectoires des différents pays, c’est "une bonne nouvelle pour l’environnement (moins de pression sur les systèmes de production alimentaire et moins d’émissions de CO2)", indique Christopher Murray, directeur de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) à Seattle, qui a mené l’étude.
Dans sa liste des 100 solutions les plus efficaces pour réduire les niveaux de gaz réchauffant l'atmosphère d'ici 2050, baptisé "Projet Drawdown", l'écologiste américain Paul Hawken classe en effet dans le Top 10 l'éducation des jeunes filles et la planification familiale avec un potentiel de réduction des émissions de 60 gigatonnes de CO2 chacune. Pour d’autres spécialistes en revanche, comme le démographe Gilles Pison, ce sont davantage les modes de vie que le nombre d’humains sur Terre qui influencent le changement climatique.
Concepcion Alvarez @conce1