Publié le 08 août 2023
ENVIRONNEMENT
L'épreuve de natation dans la Seine annulée : la pollution, un risque pour les Jeux Olympiques
La sentence est tombée. Une épreuve de la coupe du monde de natation prévue ce premier week-end d'août, qui servait de test pour les Jeux Olympiques 2024, a été annulée à cause de la pollution. Malgré tout, la mairie assure que grâce à des travaux de grande ampleur, les risques seront maîtrisés d'ici l'année prochaine pour les épreuves des JO.

@Leddso Dello / Pexels
C'est un mauvais signal pour les JO 2024. Un épreuve de "nage en eaux-libres" qui devait se dérouler samedi 5 août dans la Seine a été annulée pour cause de pollution. Les nageurs devaient s'élancer à partir du pont Alexandre-III. Or les fortes pluies tombées plus tôt dans la semaine ont fait déborder les égouts et ont ramené les eaux usées dans le fleuve. Les analyses ont mesuré 1300 colonies de bactérie E.coli pour 100 ml alors que la fédération internationale de natation (World Aquatics) impose un taux inférieur à 1000.
Déjà jeudi 3 août, la Fédération française de natation (FFN) pointait une qualité d'eau "en dessous des normes acceptables" et avait annulé l'entraînement. "On est tous déçus, d'abord pour les athlètes et pour l'organisation de l'évènement. Cela s'est joué à quelques heures", a réagi Pierre Rabadan, adjoint aux Sports, JO et Seine de la mairie de Paris, devant les pontons vides. Les résultats de la qualité de l'eau du dimanche, tombés lundi, se sont révélés conformes aux seuils de World Aquatics.
Les autorités optimistes pour les JO 2024
La mairie de Paris a pourtant fait la promesse de rendre la Seine baignable pour les épreuves des Jeux olympiques en 2024 et pour tous les Parisiens en 2025. Malgré la déconvenue de ce week-end, les autorités se montrent optimistes. Selon le comité d'organisation des JO, la ville de Paris, ou encore la préfecture de la région Ile-de-France, les précipitations de cet été sont "exceptionnelles". En juin, près de 70 % des mesures se sont révélées "bonnes" ou "excellentes", selon la ville de Paris.
Mais attention, a prévenu, en langage diplomatique World Aquatics : "il faut continuer à travailler avec Paris 2024 et les autorités locales pour s'assurer que des plans de contingences solides sont en place pour l'année prochaine". Les conséquences d'une eau polluée sont importantes pour les sportifs. En Angleterre, au moins 57 personnes ont été atteintes de diarrhées après avoir pris part à une épreuve de triathlon samedi 29 et dimanche 30 juillet. Trois jours avant l'événement, un prélèvement avait révélé la présence de 3 900 colonies d'E.coli pour 100 ml.
Des chantiers titanesques pour dépolluer la Seine
Depuis 2016, la dépollution de la Seine et de son affluent la Marne est engagée, racontent nos confrères du Monde. Les investissements grimpent à plus d'1,4 milliards d'euros. Pour faire face aux pics de pollution liés aux pluies, plusieurs chantiers titanesques sont en cours. Par exemple, le "bassin d'orage" à d'Austerlitz qui devra permettre de stocker 50 000 m3 d'eau pluviales ou encore le collecteur "VL8", une canalisation de 9 kilomètres pour acheminer les eaux usées parisiennes vers une station d'épuration.
Pour certains, d'autres solutions plus écologiques seraient préférables. Florence Habets, hydroclimatologue et directrice de recherche au CNRS, affirme au Monde que le mégabassin d’Austerlitz est un exemple de "mal-adaptation". Pour elle, "il aurait été plus pertinent de privilégier des solutions d’infiltration douce des eaux de pluie en investissant dans des projets ambitieux de renaturation et de désimperméabilisation des sols, indispensables pour rafraîchir la ville dans le contexte de réchauffement climatique." Egalement, l'association France Nature Environnement déplore un "nettoyage chimique" à la station d'épuration de Valenton, la deuxième plus grande d'Europe, indique le média Reporterre. Pour permettre la baignade, elle va adopter chaque été un procédé de désinfection basé sur de l'acide formique, très efficace mais aussi délicat à manipuler.
"Je suis confiante, je travaille avec les autorités depuis quatre ans sur le sujet ici à Paris et je vois l'évolution, on va y arriver", a assuré Brigitte Légaré, responsable des compétitions dans Paris centre. La compétition dans la Seine est prévue les 8 et 9 août 2024 avec la possibilité de la décaler d'"une journée" si besoin. Les épreuves test de Triathlon et de Para Triathlon prévues du 17 au 20 août 2023 donneront une nouvelle occasion de convaincre de la baignabilité de la Seine, s'il ne pleut pas.
Fanny Breuneval avec AFP