Les agriculteurs ont mauvaise presse et pourtant, leur rôle dans la lutte contre le changement climatique est primordial. Selon le cabinet B&L Evolution (2), il faudrait, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, multiplier par près de deux le nombre d’agriculteurs passant ainsi de 800 000 exploitants agricoles à 1,5 million d’ici 2030. Mais attention, cela dépend du type d’agriculture.
Les experts du cabinet prônent une agriculture de conservation. "Le taux de conversion de parcelle en agriculture de conservation (bio ou procédés faiblement émissifs en carbone) doit passer de 200 000 hectares par an à un million d’hectares d’ici 2028", proposent-ils. Si le cap des 2 millions d’hectares cultivés en bio a été franchi en 2018, année record, la croissance reste encore insuffisante. Le bio ne représente aujourd’hui que 7,5 % de la surface agricole utile contre 6,5 % en 2017.
97 % des émissions d’ammoniac
L’enjeu est de taille. L’agriculture serait à l’origine de 97 % des émissions d’ammoniac, ce composé émis par les déjections d’animaux et les engrais azotés. De même, certaines pratiques agricoles, comme le labour profond, sont accusées de casser le développement de la matière organique dans le sol et de diminuer le carbone séquestré.
Or, selon l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), augmenter chaque année le stock de carbone des sols de 4 pour 1000 dans les 40 premiers centimètres du sol permettrait, en théorie, de "stopper l’augmentation actuelle de la quantité de CO2 dans l’atmosphère, à condition de stopper la déforestation". Cela passe par la plantation d’arbres ou de légumineuses, de plus petites parcelles et par le développement des haies.
Des citadines en reconversion
L’agriculture endosse à la fois le rôle de coupable et celui de sauveur du réchauffement climatique. Mais pour parvenir à être la clé du changement, elle doit se réinventer. Cela nécessite que des vocations naissent à travers le territoire et que des formations et des encadrements promouvant une agriculture durable se développent. C’est notamment le rôle de Fermes d’Avenir qui encourage l’agro-écologie.
"Si l’on souhaite changer de paradigme et inverser le modèle agricole dominant, il est indispensable de former les acteurs d’aujourd’hui et de demain afin qu’ils soient à même de faciliter la transition et de la rendre viable", souligne l’association qui a développé des formations plus ou moins longues en ce sens. Être paysan est un emploi d’avenir qui contribue à sauver la planète.
De plus en plus d’urbains semblent d’ailleurs séduits par ce métier symbolisant un retour à la Terre, à la nature. Dans son livre "Néo-Paysannes", Linda Bedouet dresse ainsi le portrait de 10 femmes qui ont entrepris une reconversion en quittant Paris, le métro, et leur appartement pour les récoltes sauvages. Les agricultrices jouent déjà un rôle primordial dans le renouveau agricole : en bio, 60 % ne viennent pas d’une famille d’agriculteurs et un tiers sont devenues agricultrices bio après une reconversion professionnelle.
Marina Fabre, @fabre_marina
(1) Voir l’infographie publiée par Novethic
(2) Lire l’étude de B&L Evolution
Publié le 2 août 2019
Il y a quelques mois, Novethic a créé la polémique en relayant une étude du cabinet B&L Evolution (1) qui présentait différentes mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Cet été, nous revenons sur quelques-unes de ces propositions pour comprendre comment elles pourraient changer la donne et dans quelle mesure elles pourraient s’appliquer. Focus aujourd’hui sur l’agriculture, la clé du changement.
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