Publié le 5 juin 2019
C'est un record. Selon les derniers chiffres de l'Agence bio, le cap des 2 millions d'hectares cultivés en bio a été franchi. C'est désormais un agriculteur sur dix qui travaillent en bio. Une croissance nécessaire pour répondre à la demande des consommateurs mais qui semble encore insuffisante pour répondre à l'objectif de 15 % de surface bio en 2022, soit le double de la surface actuelle.

L’agriculture bio conquit les champs français. Selon les derniers chiffres de l’Agence bio publiés mardi 4 juin, la production agricole bio a enregistré une "année record" en France en 2018. Le cap des 2 millions d’hectares cultivés en bio a été franchi, représentant 7,5 % de la surface agricole utile, contre 6,5 % en 2017. Au total, "14% de l’emploi agricole est en bio" a ajouté Florent Guhl, directeur de l’Agence bio, soulignant "un effet emploi très significatif des fermes bio". De fait, en 2018, le secteur bio a employé 18 714 personnes dans la production, la transformation et la distribution.
Les nouveautés de 2018 portent surtout sur les céréales, oléagineux et légumes secs qui rattrapent leur retard, avec un bond de 31 % de ces surfaces agricoles en bio, à 513 000 hectares. "En 2013, seulement 1 % des grandes cultures en France étaient bio, aujourd’hui nous sommes à 4,3 %", a salué le directeur. 
Le rythme n’est pas suffisant pour atteindre l’objectif de 15 %
Pour parvenir à réaliser l’objectif officiel de 15 % de la surface utile agricole totale en bio fin 2022, l’agence estime que sur le plan des céréales, la France devra cultiver 8 % de ses "grandes cultures" en bio. Dans le domaine des légumes secs, 40 % sont déjà bio. "Même si nous sommes sur une bonne pente, le rythme n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs fixés par la loi. Il faudrait 7 000 conservions par an", tempère Florent Guhl dans les colonnes du Monde. La faute notamment au retard de paiement des aides de l’État destinés aux agriculteurs bio, qui ont ralenti les conversions. 
En viticulture aussi, le bond est très important (+20 %), avec 12 % du vignoble français en bio (94 020 hectares) en 2018. Pour encourager les vignerons à franchir le pas, un label CAB (conversion agriculture biologique) a été créé pour couvrir la période de conversion de trois ans. Le logo permet au viticulteur d’expliquer au consommateur qu’il est engagé dans le processus bio, et ainsi de vendre son vin un petit peu plus cher que du vin non bio pendant la transition.
30 % d’importations de produits bio
L’Agence bio a également souligné le "grand succès" des fruits et légumes bio, encouragés par l’objectif affiché dans la loi Alimentation (Egalim) de parvenir à 20 % de produits bio ou en conversion en restauration collective d’ici à 2022. "C’est tout le paysage agricole français qui est en train d’opérer un véritable changement", estime l’organisme, "ces résultats significateurs pour le bio "made in France" n’ont été rendus possible que par la mobilisation des opérateurs du secteur bio".
Cette augmentation de la production va permettre de répondre à la demande des consommateurs car aujourd’hui plus de 30 % des produits bio sont importés. Autre enjeu majeur du développement de la filière : la pression sur les prix. La grande distribution permet en effet de démocratiser le bio mais le syndicat national des entreprises bio (Synabio) a récemment rapporté que l’arrivée des géants de la distribution et de nouveaux fabricants a exacerbé la guerre des prix. Des pratiques qui font craindre des dérives similaires à celles qui frappent la filière conventionnelle aujourd’hui. 
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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