Publié le 17 septembre 2018
ENVIRONNEMENT
Global Climate Action Summit : à San Francisco, la planète climat entre volontarisme et catastrophisme
Le sommet mondial sur le climat de San Francisco s'est achevé vendredi 14 septembre. Maires, gouverneurs, entreprises et ONG venus du monde entier ont demandé aux dirigeants mondiaux d’en faire plus dans les deux prochaines années afin de limiter le réchauffement de la planète.

JOSH EDELSON / AFP
A San Francisco, le sommet mondial sur le climat s’est achevé sur un mélange d’urgence, d’alerte et d’optimisme. Urgence, car les dernières données montrent que l’action doit se déployer à grande échelle face à un climat qui s’emballe plus vite que prévu. Alerte car les négociations entre États, les seuls acteurs signataires de l’Accord de Paris, patinent à quelques mois d’une conférence, COP24, pourtant cruciale pour la mise en œuvre de l’accord. Optimisme enfin car Le sommet a aussi montré le volontarisme des acteurs locaux et privés sur le climat.
"Nous n'avons jamais eu autant besoin du multilatéralisme qu'à l'heure actuelle. Mais au moment exact où nous en avons le plus besoin, l'ordre international est remis en cause", a lancé en clôture Patricia Espinosa, l'ancienne ministre mexicaine chapeautant les négociations climatiques aux Nations unies. John Kerry, ancien chef de la diplomatie de Barack Obama se veut encore plus clair : "Je vais vous dire la vérité : nous sommes très loin de l'objectif", a déclaré celui qui négocia l'accord de Paris de 2015 pour les Etats-Unis.
Des négociations internationales mal engagées
Les prochains mois sont décrits comme cruciaux par de nombreux participants pour relancer l'accord de Paris sur le climat de 2015. En décembre, 190 Etats signataires se retrouveront à Katowice, en Pologne, pour s'accorder sur les règles de mise en œuvre du pacte. "L'énergie de Paris a été perdue", a déploré l'un des rares chefs d'Etats présents à San Francisco, le Hongrois Janos Ader. "L'avenir de la civilisation est en jeu, c'est le message que nous devons porter à Katowice". Mais les préparatifs de ce rendez-vous sont dans l'impasse.
La méthode adoptée en 2015 est inédite : aucune sanction n'est prévue pour les pays. Chaque Etat fixe ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, objectifs pour l'instant largement insuffisants pour limiter à 2°C la hausse de température du globe avant 2100. Ceux-ci seront révisés en 2020. "C'est ce qui déterminera si l'accord de Paris pourra être sauvé ou non", résume David Paul, ministre de l'Environnement des Îles Marshall, menacées d'engloutissement par la montée de l'océan Pacifique.
Les acteurs privés et locaux en relais
Des dirigeants régionaux européens, asiatiques ou américains ont affirmé qu'ils pouvaient prendre le relais des Etats défaillants en accélérant le passage à l'électricité et aux véhicules propres. Les cités ayant adopté les objectifs les plus ambitieux et rapides se trouvent principalement en Europe et en Amérique du Nord, dans des pays où les émissions sont sur la pente descendante depuis une décennie ou plus. Mais les rejets de CO2 par la Chine, premier pollueur mondial, et le reste de l'Asie continuent à croître fortement. Au total, le monde continue à émettre toujours plus.
"C'est dans les villes que la plus grande bataille doit être menée", a assuré à l'AFP le maire de Quito, Mauricio Rodas. Sa ville est en train de construire son premier métro et prévoit de restreindre aux véhicules propres son centre historique. Comme Varsovie, Buenos Aires ou Le Cap, Quito a d’ailleurs rejoint New York, Londres, Paris, Tokyo et plusieurs Etats américains comme la Californie dans une démarche "zéro carbone".
Arrêter de signer des déclarations
A côté des villes, les multinationales étaient omniprésentes : Unilever, Ikea, Sony, Walmart, Michelin... ont multiplié annonces et engagements. Une présence d’ailleurs dénoncée par plusieurs ONG.
Tous ces acteurs avaient un but affiché : infléchir la courbe mondiale des émissions dans les deux ou trois prochaines années. "Si nous n’y parvenons pas, il est extrêmement peu probable que nous parvenions à limiter la hausse de température à 2°C", a alerté Johan Rockström, grand climatologue suédois. "Il est temps d'agir et d'arrêter de signer des déclarations", pour Mats Pellbäck Scharp, directeur du développement durable d'Ericsson.
La rédaction avec AFP