Publié le 22 mars 2023
ENVIRONNEMENT
Extrapolations : la nouvelle série d'anticipation d’Apple TV+ va réveiller votre écoanxiété
Un casting cinq étoiles, une esthétique soignée et un sujet brûlant… Extrapolations, la nouvelle série d’Apple TV+ a mis toutes les chances de son côté pour marquer les esprits. Au cœur de l’intrigue : la crise climatique et ses impacts sur la vie humaine, la société ou encore la biodiversité. Si cette œuvre d’anticipation créée par Scott Z. Burns manque parfois de relief, elle ouvre la voie vers des récits capables de sensibiliser le grand public au changement climatique.

Apple TV+
Dès les premières minutes, le ton est donné. "Nous voilà en 2037, envisageant la possibilité d’un réchauffement de 2°C. Mais que se passera-t-il après ?", s’inquiète une jeune militante prenant la parole sous la forme d’un hologramme devant une foule de manifestants. "Qu’arrivera-t-il quand les entreprises qui détruisent notre monde nous diront que l’économie s’effondrera si nous ne laissons pas les températures monter de 2,1 ou 2,2°C ?" La scène, qui se déroule à Tel Aviv alors que se tient la COP42, ouvre la première saison d’Extrapolations diffusée sur Apple TV+ depuis le 17 mars.
Composée de huit épisodes dont la narration s’étale entre 2037 et 2070, la série dépeint la progression du changement climatique aux quatre coins du monde, ses conséquences sur la vie humaine et les solutions imaginées dans un futur plus ou moins proche pour s’y adapter. Portée par une photographie léchée et un casting remarquable dont Meryl Streep, Tahar Rahim, Tobey Maguire, Marion Cotillard ou encore Edward Norton, Extrapolations est pensée comme une anthologie : chaque épisode aborde un impact de la crise climatique au travers de l’histoire intime d’un personnage.
Un futur dystopique basé sur la science
Le premier volet nous conduit ainsi en Antarctique où la glace fond à un rythme record. C’est là que Junior (Matthew Rhys), un promoteur immobilier, espère construire un casino pour le compte de Nick Bilton (Kit Harington), géant de la tech omniprésent jusque dans les négociations de la COP42. Dans le second épisode, Rebecca Shearer (Sienna Miller), scientifique tiraillée entre ses convictions et sa mission, cherche à communiquer avec la dernière baleine à bosse encore en vie, témoignant de l’extinction de la biodiversité marine. Le troisième volet nous entraine à Miami. Ici, la ville est en proie à des inondations monstres provoquées par la montée des eaux, forçant un rabbin (Daveed Diggs) à questionner ses valeurs alors qu’il croise la route d’une jeune fille (Neska Rose) révoltée par l’inaction climatique.
Autant de situations qui ne nous sont pas tout à fait étrangères. Créée par Scott Z. Burns, Extrapolations se veut être une série d’anticipation s’appuyant sur la science. "Une série qui prétend que le climat sera le même dans 10 ou 15 ans, ça c’est de la science-fiction", affirme le showrunner dans une interview partagée par Apple TV. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Scott Z. Burns imagine un futur dystopique. En 2011, il était aux manettes du scénario de Contagion, dont la trame relue à la lumière de la pandémie de Covid-19 s’est avérée particulièrement réaliste. Quelques années auparavant, il produisait Une vérité qui dérange, un documentaire sur le changement climatique inspiré du travail d’Al Gore.
L’alerte climatique avant tout
Avec Extrapolations, le cinéaste fait donc cette fois-ci appel à la fiction pour raconter les effets de la crise climatique. "Après avoir participé au documentaire Une vérité qui dérange, je me suis posé la question suivante : quand on est scénariste, comment s’emparer de la science et l’adapter à un mode de narration conventionnel ?", s’interroge le cinéaste. Le sujet n’est en effet pas évident à aborder sans tomber dans les poncifs moralisateurs, tout en restant divertissant. Si Don’t Look Up d’Adam McKay avait par exemple parié avec succès sur la satire et l’humour noir, Extrapolations joue à fond la carte de l’alerte.
Incendies ravageurs, ciel voilé d’une épaisse pollution, inondations à perte de vue, glaciers qui s’effondrent… Chaque épisode nous abreuve d’images catastrophes, au risque de réveiller notre éco-anxiété. Ce sensationnalisme parfois trop poussé, couplé à des protagonistes qui manquent cruellement de diversité sociale et à des dénouements teintés de bons sentiments, tendent à lisser le message porté par la série. Pour autant, Extrapolations a le mérite de pousser les spectateurs au questionnement sur un sujet dont la fiction devrait s’emparer de plus en plus pour mobiliser le grand public.