Publié le 26 novembre 2018
ENVIRONNEMENT
Climate Finance Day : BNP, Crédit agricole et Société générale, comment les banques françaises prennent le virage vert
La finance mondiale se réunit à partir de ce lundi 26 novembre à Paris pour aider à construire un monde plus durable. Les banques, notamment, y jouent un rôle prépondérant. Selon Les Amis de la Terre et Oxfam, les principaux établissements français continuent d'investir massivement dans les énergies fossiles et notamment le charbon. Qu'en est-il vraiment ? Novethic a rencontré les directeurs RSE de BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale.
Plus de 10 milliards d'euros de financements dédiés au charbon depuis la COP21, et 43 milliards aux énergies fossiles en 2016 et 2017, contre seulement 12 milliards pour les énergies renouvelables. Les principales banques françaises sont épinglées par Oxfam et Les Amis de la Terre (1) alors que s'ouvre ce lundi 26 novembre une séquence finance climat de trois jours à Paris réunissant les principaux acteurs mondiaux.
Depuis 2015, BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale ont pris plusieurs engagements pour se désengager du charbon, mais aussi de certaines énergies fossiles non conventionnelles, chacune à leur rythme. Une transition lente mais en cours. La preuve avec le lancement des Principles for Responsible Banking par l'UNEP FI et 28 banques dont BNP et Société générale. Ils sont censés définir les rôles et les responsabilités du secteur bancaire dans la construction d'un futur durable.
BNP PARIBAS
"Continuer à financer les hydrocarbures non conventionnels n’était pas cohérent avec notre engagement", Laurence Pessez, directrice RSE
"Le marché de l’exportation de gaz de schiste aux États-Unis est en plein développement avec une quarantaine de demandes de permis de construction de terminaux export. Or l’empreinte carbone du gaz de schiste non conventionnel produit aux États-Unis et exporté en Asie est pire que celle d’une centrale à charbon. Quant aux sables bitumineux dont nous avions encadré le financement dès 2013, c’est la source d’énergie fossile la plus émettrice de CO2 après le charbon. Notre décision (exclusion des sables bitumineux et gaz de schiste, Ndr) a entraîné une perte de revenus à court terme mais nous a permis d’être cohérents avec nos engagements qui sont un gage important de crédibilité vis-à-vis de nos clients que nous accompagnons dans la transition énergétique. Notre cohérence est un atout pour prétendre être un acteur de poids de la finance durable."
En un chiffre : 155 milliards d’euros, la part des crédits accordés par la banque qui contribuent à l’atteinte des ODD (fin 2017). Cela représente 20 % de l’ensemble des crédits accordés aux entreprises. L’objectif est d’augmenter cette somme de 10 milliards d’euros par an.
Première banque au monde à renoncer aux projets d’exportation de gaz et pétrole de schiste. Elle exclut aussi les projets d'exploration en Arctique et le pétrole issu des sables bitumineux. En savoir plus
Elle continue à financer l’énergéticien allemand RWE qui est le premier producteur européen de charbon. En savoir plus
CRÉDIT AGRICOLE
"Il faut adresser aussi les petites entreprises", Éric Campos, directeur RSE
"Nous avons développé un indice de risque de transition pour évaluer la façon dont les entreprises s’adaptent à la transition écologique. Globalement, nous avons constaté qu’elles sont très majoritairement entrées dans une démarche d’adaptation de leur modèle d’affaires. Nous sommes aussi en train de travailler sur l’adaptation de notre approche pour accompagner les petites entreprises sur l’ensemble du réseau."
En un chiffre : 160 millions de tonnes de CO2, l’empreinte carbone du groupe Crédit agricole en 2018, dont 100 millions proviennent de grands projets d’infrastructures et de l’activité de ses grands clients. C'est la première fois que la banque publie cet impact.
S’engage à financer un tiers des projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique en France d’ici 2020. En savoir plus
Continue à soutenir des entreprises nord-américaines qui prévoient la construction de nouveaux oléoducs de gaz de schiste et de sables bitumineux via des lignes de trésorerie ou des crédits d’exploitation. En savoir plus
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
"L'exclusion ne peut pas toujours être la solution", Cécile Rechatin, responsable des politiques environnementales et sociales
"L'exclusion pure et simple peut être une façon d'avancer dans certains secteurs à risque, mais l'approche a ses limites. Nous pensons qu'il faut plutôt essayer de clarifier le chemin de transition qu'empruntera la banque, en particulier en ce qui concerne l'énergie. Pour le charbon, sur lequel nous avons pris des engagements dès 2015, cela a nécessité beaucoup de pédagogie avec nos business units dans les pays fortement dépendants de cette énergie. Nous avons été aidés par le consensus qui existe dans les scénarios climatiques sur le fait que c'est une énergie du passé. Ces scénarios sont pour le moment moins consensuels, en termes de rythme de réduction, pour d'autres énergies fossiles."
En un chiffre : 100 milliards d’euros, le montant des financements apportés à la transition énergétique entre 2016 et 2020. À ce jour, 58 % de cet objectif est déjà atteint avec 16 milliards d'euros apportés sous la forme de conseils ou de financement aux énergies renouvelables et 82 milliards par Green bonds.
La part du charbon dans la production d'électricité financée par la banque est passée de 26 % en 2015 à 19 % en 2018, un objectif initialement fixé pour 2020. Les énergies renouvelables représentent 42 % du mix d'investissements. En savoir plus
Mise sur le gaz – de façon encadrée - comme énergie de transition et continue donc à soutenir la construction de nouveaux projets de terminaux d’exportation de gaz de schiste aux États-Unis, parmi lesquels Rio Grande LNG. En savoir plus
Concepcion Alvarez, @conce1